A Fumay, qui ne connaît pas l'entreprise Godart ?
Fondée en 1960, elle a d'abord travaillé dans la réparation des
cycles, puis dans la fabrication de tôles pour l'électroménager
avant d'opter pour la sous-traitance automobile en se spécialisant
dans la production de tubes et composants mécaniques destinés à
la circulation des fluides dans les moteurs. Des réorientations
judicieuses qui ont permis à la société de compter plus de 140
salariés et d'attirer la convoitise de l'entreprise Westaflex qui en
a pris le contrôle en 2001 avant d'entrer elle-même dans le giron
du groupe japonais Maruyasu. Hélas, la crise de 2008 est passée par
là et l'entreprise, tombée en déficit chronique, a d'abord
licencié 28 personnes en 2009 avant que son propriétaire japonais
annonce en avril 2013 son intention de fermer le site avant la fin de
l'année.
Une fin programmée qui n'a cependant pas eu lieu
grâce à la reprise effectuée en novembre 2013 par Clément
Brochon, un rémois à la tête depuis janvier 2013 du cabinet
d’accompagnement d’entreprises CLB Conseil. Fait rarissime dans
ce genre de situation, tous les salariés ont alors pu continuer à
travailler dans l'usine Godart, rebaptisée FAB21 et bénéficiant
désormais de belles perspectives grâce à un apport de 3 millions
d'euros de fonds propres par son ancien propriétaire qui s'engageait
en plus à lui passer des commandes jusqu'au 31 décembre 2015 !
Mais consacrer 100 % du chiffre d'affaires à la sous-traitance
automobile aurait été trop dangereux pour la nouvelle entreprise,
d'où le développement d'une activité de prototypage destinée à
fabriquer des produits innovants proposés par de jeunes créateurs
d'entreprises.
Ainsi positionné à la croisée de la
sous-traitance automobile et de la prestation de services pour
d'autres entreprises, FAB21 semblait promis à un bel avenir,
surtout après le lancement en septembre 2014 de sa plate-forme
MyFrenchLab qui devait fédérer l'ensemble de la chaîne numérique
en rassemblant designers, concepteurs et industriels. Mais la
conjoncture en a décidé autrement et, après une nette baisse du
chiffre d'affaires accentuée en début d'année par l'arrêt
programmé des commandes passées par l'ancien propriétaire,
l'entreprise qui avait pour ambition de devenir « une usine
pour tous » adaptée aux exigences du 21ème siècle doit faire
face à nouveau à de grosses difficultés. Au point que le personnel
vient d'être informé qu'il chômera prochainement et que des
licenciements vont avoir lieu. Certains parlent même de l'ouverture
d'une procédure judiciaire devant le tribunal de commerce de Sedan !
Un nouveau coup dur pour l'économie de la Pointe dont le tissu
industriel ne cesse de se fragiliser, et surtout pour les 80
salariés pour lesquels une nouvelle période d'angoisse vient de
commencer...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire