Un « poisson d’avril » est une
plaisanterie, voire un canular, que l’on fait le 1er avril à ses
connaissances ou à ses amis. Pour les enfants, il consiste à accrocher un poisson de papier dans le dos de
personnes dont on veut se gausser. « Poisson d’avril ! » est aussi l’exclamation que l’on pousse
une fois qu’une des plaisanteries est découverte. Un salarié peut-il faire à cette occasion un canular à ses collègues de
travail, à son employeur ou aux clients de ce dernier ?
Monsieur X… a été licencié aux motifs d’un canular au
détriment d’un client, dont la profession est animateur de soirée, auprès
duquel il s’est fait passer par téléphone pour un directeur de discothèque lui
donnant un rendez-vous pour une éventuelle embauche, rendez-vous imaginaire
auquel le client, Monsieur Y…, s’est présenté, le directeur de la discothèque
lui ayant alors dit qu’il n’était pas à l’origine de ce rendez-vous, et le
client ayant ultérieurement protesté auprès de la société Z…
La preuve des griefs allégués par l’employeur à l’appui d’un
licenciement pour faute grave incombe à celui-ci, et les faits doivent être
suffisamment graves pour ne pas permettre la poursuite du contrat de travail. La Cour d’appel de Poitiers a considéré que le grief du
canular dont a été victime un client est reconnu, mais c’est à juste titre que
le conseil de prud’hommes a jugé qu’il ne revêtait pas un caractère
suffisamment sérieux pour fonder le licenciement, d’autant que Monsieur X… a
présenté des excuses au client, qu’il connaissait, pour ce canular douteux et
que celui-ci se borne à indiquer qu’il n’est pas certain de conserver sa
clientèle à la société, sans qu’il soit avéré qu’il ait mis ce projet à
exécution. (Cour d’appel de Poitiers, 14 novembre 2012 n° 891,11/02865)
Eric Rocheblave, avocat en droit du travail et de la sécurité sociale
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