Trois anciens ministres de l'Education, François Bayrou,
Jean-Pierre Chevènement et Luc Ferry ainsi que trois intellectuels demandent le
retrait de la réforme du collège et un "débat républicain", dans une
tribune à paraître vendredi. Cet appel "pour un collège de
l'exigence" qui est publié vendredi dans toute la presse quotidienne
régionale, est également signé par l'essayiste Pascal Bruckner, l'éditorialiste
de Marianne Jacques Julliard et le philosophe Michel Onfray. Ils invitent les
citoyens à signer leur texte sur internet.
"Nous n'acceptons pas l'affaiblissement des disciplines au profit d'une
interdisciplinarité floue, sans contenu défini, dont les thèmes sont choisis
selon la mode et l'air du temps, imposés autoritairement et uniformément par le
ministère, conduisant au zapping pédagogique", écrivent-ils. "Nous
n'acceptons pas que l'égalité des chances soit confondue avec l'égalitarisme
niveleur et se résume à la suppression de tout parcours d'excellence",
poursuivent-ils. Ils estiment que "les victimes de ce renoncement, ce
seront d'abord les enfants de milieux populaires ou défavorisés pour qui
l'école est le seul recours, car ils ne peuvent avoir accès aux cours privés et
aux leçons particulières de leurs camarades plus favorisés". Ils défendent
"la notion d'élitisme républicain pour que chacun puisse aller au bout de
ses capacités".
Les initiateurs du texte considèrent que "la plus
efficace des réformes du collège est celle de l'école primaire, puisque les
difficultés du collège naissent à l'école primaire". Ils n'acceptent pas
que "les classes européennes, bi-langues, internationales, soient rayées
de la carte", ni que le latin et le grec "disparaissent en tant
qu'options offertes dans tous les établissements, dotées d'un horaire
garanti". Ils demandent par ailleurs "des programmes clairs et
compréhensibles par tous, loin des jargons indécents", estimant que
"le programme d'histoire en particulier doit proposer des repères
chronologiques et ne peut réduire à de seuls traits négatifs ou facultatifs la
civilisation européenne et l'héritage des Lumières".
Le président du MoDem François Bayrou avait dans un premier temps appelé à une
"manifestation nationale" après la publication du décret sur la
réforme, sans fixer de date. La réforme prévoit de laisser chaque collège
fixer 20% de son emploi du temps, avec de l'accompagnement personnalisé pour
tous, de l'interdisciplinarité et une deuxième langue vivante (LV2) avancée en
cinquième. Parallèlement, la plupart des classes bilangues (deux langues en
sixième) disparaîtront. Les options latin et grec seront remplacées par un
enseignement pratique interdisciplinaire consacré aux langues et cultures de
l'Antiquité et un "enseignement de complément".
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