(vidéo mise en ligne sur le site de l'Union-L'Ardennais le 20 avril 2016)
"L’opération est rarissime. Lundi, quarante ans après son installation, une imposante roue en inox a été extraite d’une des turbines de la centrale hydraulique. Plus de 28 tonnes et 5 mètres de diamètre, les mensurations de la roue quadragénaire sont impressionnantes.
Tapie dans les profondeurs de la Step (Station de transfert d’énergie par pompage de Revin, Saint-Nicolas, Les Mazures), plus connue sous le nom de centrale hydraulique de Revin, une bête a émergé. [...]
Il aura fallu une armée de techniciens et spécialistes en tout genre pour l’extraire de son terrier, un emplacement qu’elle occupait depuis 40 années, date de la construction de l’ouvrage. Une opération particulièrement complexe qui revêt un caractère exceptionnel.
"C’est presque une première en Europe. Une grande réhabilitation d’une centrale hydraulique comme celle-ci, ça se voit nulle part", lance Frédéric Barbe, chef d’arrêt du programme de rénovation de la centrale, pas peu fier d’avoir débusqué l’engin. Et pour parvenir à sortir cette roue, il a d’abord fallu démonter la quasi-totalité du groupe de production n°3, l’une des quatre turbines-pompes qui produisent chaque année une quantité d’électricité équivalente à la consommation de la ville de Reims. "La manipulation mécanique de ce type de pièce, lourde et encombrante, requiert un maximum de sécurité." Et bien évidemment tout un tas de protocoles.
Lentement, après avoir capturé avec des sangles l’imposante pièce de métal, le pontier guidé par un homme au sol, l’extirpe du tunnel profond de 15 mètres où elle se terrait. 31,4 tonnes, le pont indique, telle une incroyable balance, la masse soulevée. Bien qu’immergée dans l’eau depuis des décennies, c’est dans une robe étincelante d’inox que la roue s’est révélée ce lundi après-midi. Hier, elle a été déposée sur la remorque d’un poids lourd qui la conduira, au terme d’un voyage de quatre jours à travers la France, jusqu’à Grenoble où elle sera rénovée. "Elle repart à l’atelier", indique Gilles Duc, ingénieur mécanicien au Centre d’ingénierie hydraulique de Grenoble. "Nous allons refixer le labyrinthe mobile sur la roue car les fixations sont usées."
Pas simple de saisir le jargon technique. En clair, l’étanchéité de la pièce métallique va être refaite. "Cette roue n’avait jamais été démontée et c’est la seule du site qui sera rénovée". Ses sœurs jumelles, toujours cachées dans la partie inférieure des trois autres groupes de production – qui fonctionnent durant le chantier – n’auront pas droit au même lifting. Elles seront simplement remplacées.
Ces travaux d’envergure, permettront entre autres une réduction de la consommation en électricité durant la phase de pompage et amélioreront la production du site revinois, troisième station de transfert d’énergie par pompage de France par sa puissance électrique. Le groupe nº3 devrait de nouveau fonctionner en fin d’année. Il aura d’ici là retrouvé ses pièces et sa précieuse roue, qui, avant de regagner les entrailles humides de la centrale pour des décennies, aura au moins vu du pays."
(article de Jean-Godefroy Varoquaux paru dans L'Ardennais le 20 avril 2016, en page Revin)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire