L’aveu est passé inaperçu. Même s’il ne l’a pas dit trop
fort pour ne pas gêner le pouvoir, le MEDEF a défendu dans la renégociation de
la convention UNEDIC la semaine dernière une baisse de l’indemnisation des chômeurs
pour « rétablir les comptes ». Ce faisant, les amis de Pierre Gattaz
révèlent qu’ils ne croient pas eux-mêmes à leur bobard de la création d’un
million d’emplois ! Car ceux-ci rempliraient à ras-bord les caisses de
l’assurance chômage. Ils estiment donc que le déficit de l’UNEDIC va continuer
et même s’aggraver. C’est le choc de réalité : l’aveu de l’échec de leurs
politiques néolibérales spectaculairement embrassées par François Hollande. Le
nombre de chômeurs de plus de 50 ans explose suite au recul de l’âge de la
retraite imposée par Fillon et aggravé par Hollande. Les ruptures
conventionnelles adoptées pour « fluidifier » le marché du travail
ont renvoyé des milliers de salariés vers les indemnités chômage sans créer un
emploi. Quant à la flexibilité, elle coûte très cher au régime : le
déficit atteint 5,4 milliards par an pour les CDD, 1,9 pour les intérimaires et
1 milliard pour les intermittents, selon l’UNEDIC elle-même.
Ces contradictions sautent aux yeux mais personne ou presque
dans la scène médiatique ne les a relayés. Les éminents médiacrates qui
dominaient la cour journalistique rassemblée à l’Elysée préfèrent exercer leur
« déontologie » et leur puissance intellectuelle à supputer sur
l’avenir du couple présidentiel. Ils savent gré à Gattaz d’avoir choisi un
chiffre bien rond pour qu’ils le gobent et le recrachent plus aisément.
Pourtant, lorsqu’un journaliste des Echos demande au président de la CGPME si
les entreprises sont vraiment prêtes à embaucher en échange du « pacte de
responsabilité », celui-ci répond plus honnêtement « encore faut-il
que les carnets de commandes se remplissent ». Las, aucun médiacrate n’a
jugé utile de demander à Hollande ce qu’il comptait faire pour que la demande
reparte alors même que la consommation a baissé l’an dernier pour la seconde
fois seulement depuis 1945.
L’enfumage enrobe aussi la réforme territoriale annoncée par
Hollande. Le Parisien reproduit les chiffres des think tanks libéraux sur les
milliards d’économies à la clé. Les financements croisés permis par la
« clause de compétence générale » sont pointés du doigt. Certes, si
une crèche financée par une ville et un conseil général ne l’est plus que par
la commune, cela fera moins de dépense publique. Mais cela fera surtout moins
de crèches car toutes les communes n’auront pas les moyens de prendre le
relais. Les milliards d’économies promis ne résident donc pas dans la
suppression des quelques emplois des fonctionnaires chargés d’instruire les
mêmes dossiers dans des institutions différentes. Il s’agit de faire reculer le
service public afin de le remplacer par des services marchands, coût pour les
citoyens mais source de profit pour le capital. Voilà ce que l’idéologie
dominante nous cache en rebaptisant ces privatisations « modération des
dépenses publiques » et « maîtrise des prélèvements
obligatoires ». Autre enfumage, en concentrant le débat sur la diminution
du nombre d’élus, les relais dominants masquent le cœur du projet
hollandais : l’éclatement de la communauté légale. La carte de France serait
remodelée en baronnies, duchés et comtats dotés de compétences différentes et
autorisés à « adapter » la loi. Ce serait permettre le dumping social
et environnemental au sein même de notre pays.
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