Il ne faudrait pas que Hollande, après Sarkozy, devienne
l’arbre qui cache la forêt. Bien sûr les paramètres personnels comptent. La
fausse rondeur, l’éthos de bon élève soumis, l’esprit de caste ont contribué
chez Hollande à son oubli du peuple et à son adoption servile des canons
dominants qui habillent (mal) les intérêts des puissants. Mais en France comme
ailleurs la politique s’exerce dans le cadre d’un système, d’institutions qui
dictent leurs règles, parfois écrites, parfois intériorisées par le biais des
cultures politiques. La forêt c’est donc la Ve République. C’est elle qui
présuppose que le vainqueur du rendez-vous personnel avec le peuple qu’est
l’élection présidentielle est plus sage, plus clairvoyant, plus respecté
qu’aucun autre. C’est elle qui l’isole dans un enchevêtrement de pouvoirs
d’essence monarchique. C’est elle qui travaille à la mise en minorité politique
du peuple.
C’est pourquoi tous les plans estivaux qui visent à régler
entre les murs de la caste le sort du porte-poisses Hollande sont vains. Ce
problème politique, nous sommes au moins d’accord pour dire que c’en est un, et
sans doute le premier, ne peut être réglé que par un mouvement populaire de
subversion de la Ve République. En conséquence de quoi il ne peut être
déclenché que par des émetteurs s’exprimant sans faux semblants, disant leur
opposition à Hollande et aux institutions de la Ve, appelant sans tarder à leur
départ. Que nous sommes loin des finesses stérilisantes de la gauche cherchant
son point d’équilibre interne au lieu d’exprimer le point de surgissement
possible du peuple ! Voilà en tout cas le défi auquel notre remue-méninge
nous a préparés, par un dispositif clair, en réservant notre porte-parole le
plus ample, Jean-Luc Mélenchon, au combat pour la VIe République.
A l’heure où s’annonce un nouvel attelage ministériel censé
obéir plus docilement au monarque présidentiel, la vraie question qui se pose
est celle de la légitimité du conducteur. Il se trouvera toujours de nouveaux
chevaux attirés par la chaleur de l’écurie. La belle affaire ! La légitimité n’est pas là. Elle est dans le consentement du peuple qui
supporte au final cet équipage. Avec son impudence coutumière, Hollande avait
d’ailleurs pris les devants dans un livre d’entretiens réalisé en 2006 avec
Edwy Plenel, alors directeur de la rédaction du Monde : « Je ne crois
plus à la possibilité de venir au pouvoir sur un programme pour cinq ans dont
il y aurait rien à changer au cours de la mandature. Je pense qu’il y a
forcément un exercice de vérification démocratique au milieu de la législature.
[…] Le devoir de vérité, c’est d’être capable de dire: nous revenons devant la
majorité, peut-être même devant le corps électoral afin de retrouver un rapport
de confiance ».
Quelle peut être la forme concrète, pratique, pacifique de
cette « vérification démocratique » sinon un référendum
révocatoire ? Nous sommes justement aux portes de la mi-mandat. Il
suffirait de le voter à l’Assemblée et au Sénat. A moins que le PS et l’UMP ne
lient leur sort à celui de la monarchie présidentielle. Tant mieux, le coup de
balai n’en sera que plus profond. Telle a été la dynamique, déjà, de la grande
Révolution française. On nous moquera d’y faire seulement référence. Pourtant c’est
ainsi que nous préparons l’avenir. Le peuple a montré lors de ses derniers
votes que le reste ne l’intéressait pas.
François Delapierre, secrétaire national à la bataille
idéologique du Parti de Gauche
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