Depuis quelques semaines, un sujet provoque de vives réactions de la part d'une partie de la population givetoise : le changement de nom de l'ancien mess des officiers, situé près du Manège à l'extrémité de l'esplanade Sourdille ! Actuellement en cours de reconversion en appartements suite au départ des militaires de la ville en 2009, il passera de caserne Mangin à celui de résidence Massu. Une modification décidée par le propriétaire du bâtiment - à savoir la mairie de Givet - pour marquer la nouvelle affectation du lieu tout en restant dans le registre militaire, qui n'aurait a priori pas dû poser de problème tant les deux personnages présentent des similitudes : ayant atteint tous les deux le grade de général, ils ont effectué une partie de leur carrière en Afrique du Nord (au Maroc pour Mangin, lors de sa conquête entre 1912 et 1914, et en Algérie pour Massu, lors de la guerre d'indépendance de 1956 à 1960) et ont porté haut les couleurs de la France pendant une guerre mondiale (la 1ère pour Mangin, qui s'y illustra notamment en reprenant le fort de Douaumont à Verdun, et la 2ème pour Massu, qui s'y distingua en obtenant le titre de Compagnon de la Libération après avoir été un des premiers à rejoindre la Résistance extérieure lancée par de Gaulle).
Seulement voilà, Massu a aussi une grosse casserole que l'on peut difficilement passer sous silence : il a autorisé, de son propre aveu lors d'un entretien télévisé datant de 1971, la pratique de la torture pendant la bataille d'Alger et semble s'y être lui même livré ! Une tâche rédhibitoire qui fait qu'il est plus que délicat (c'est évidemment un euphémisme) de donner le nom de ce tortionnaire à un bâtiment. Alors, pourquoi ne pas garder le nom de Mangin comme le réclament bon nombre de Givetois ? Ce serait assurément la solution de la facilité, qui permettrait de donner satisfaction à tous ceux qui sont attachés aux dénominations traditionnelles, mais pas celle du bon sens puisque ce brave général porte également une tâche que l'on a allègrement occultée pendant notre période coloniale mais que l'on ne peut plus ignorer de nos jours : il est responsable de la mort de tellement de soldats originaires de l'Afrique noire, dont il ne regardait jamais aux pertes lorsqu'il les envoyait en première ligne, qu'il était surnommé de son vivant le "buveur de sang" ou encore le "boucher noir". Un comportement pour le moins gênant, sauf à dire que la vie d'un Sénégalais n'est pas égale à celle d'un Algérien, qui fait qu'il est difficile de maintenir le nom de ce colonialiste sanguinaire sur un bâtiment !
Dans ces conditions, quelle dénomination peut-on choisir pour l'ancien mess des officiers ? Ce ne sont pas les noms consensuels qui manquent, mais dans l'hypothèse où certains seraient à court d'idées, il y a une solution toute simple : s'inspirer de ce qui se fait ailleurs ! Pour ce faire, vous trouverez ci-dessous une carte publiée ce vendredi par le site Slate.fr qui relève le nom de la personnalité la plus présente sur les plaques de rue de chacun de nos 101 départements. Un document intéressant qui montre que si l'on veut rester dans les grands classiques sans tomber pour autant dans les appellations régionalistes (Mistral, Sand et Schoelcher) ni faire redondance avec des noms de rue existant déjà à Givet, on pourrait s'orienter par élimination vers la dénomination de résidence Jean Moulin...
(pour une bonne lecture de la carte, vous pouvez l'agrandir en faisant un clic gauche dessus)
2 commentaires:
Pourquoi pas Général de la Bollardière.
Il a été condamné aux arrêts pour justement s'être opposé à la torture en Algérie.
Une proposition intéressante, mais qui consisterait à remplacer un "pro-torture" par un "anti-torture" ! Ce serait évidemment mieux, mais cela nous éloignerait de l'objectif de la recherche d'un nom CONSENSUEL...
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