Les Ardennes, traditionnelle terre de passage pour les
envahisseurs souhaitant entrer en France, ont payé dans le passé un tribut très
lourd aux guerres. Les massacres n’y ont pas manqué, les destructions non plus,
pas plus d’ailleurs, hélas, que les périodes d’occupation ! Les traces de
ce passé tumultueux sont innombrables, des fortifications en étoile de Rocroi à
l’impressionnant monument aux morts de Haybes, en passant par le calvaire du
maquis des Manises ou les églises fortifiées de la Thiérache. Dans
ces conditions, soupçonner la population locale d’être viscéralement hostile à
la construction européenne, dont tout le monde sait qu’elle permet à des
peuples qui ont été si longtemps ennemis de se rapprocher, serait non seulement
incongru, mais franchement stupide. Pour autant, les Ardennais, qui ont subi de
plein fouet les conséquences économiques de l’ouverture à tout-va des
frontières, ne sont pas des euro-béats. Ils l’ont montré dès 1992 en votant à
une très légère majorité contre le traité de Maastricht (50,63 %) puis à
nouveau en 2005 en se prononçant cette fois-ci très massivement contre le
traité établissant une constitution européenne (62,79 %, soit 8 points de plus
que la moyenne nationale).
A l’époque, c’était dans la vallée de la Meuse que le NON avait
enregistré ses meilleurs scores, tout particulièrement dans la Pointe où il avait été
plébiscité par plus de 71 % des électeurs, avec des scores impressionnants à
Vireux-Molhain (78,15 %), Fépin (85,40 %) et surtout Montigny-sur-Meuse (93,48
%). Autant dire que les habitants des cantons de Fumay et de Givet l’avaient eu
amer lorsque Nicolas Sarkozy avait contourné la vox populi en faisant adopter
par la voie parlementaire un traité quasiment identique ! Une méthode
reprise par son successeur François Hollande pour le traité budgétaire européen
qui a ainsi été adopté hier par l’Assemblée Nationale avec 477 voix pour, 70
contre, 21 abstentions et 9 courageux ayant préféré ne pas prendre part au
vote. Ce résultat, somme toute prévisible, a cependant donné lieu à quelques
bonnes surprises. Parmi elles, les habitants de la Pointe ne manqueront pas de
relever le vote de leur nouveau député, le socialiste Christophe Léonard, qui a
pris ses distances avec les consignes pourtant strictes de son parti en se prononçant
contre le traité. Une prise de position logique pour un homme qui n’a jamais
caché avoir voté non en 2005 et qui avait invité lors de sa campagne
législative plusieurs ténors socialistes ouvertement opposés au traité
budgétaire européen, comme Henri Emmanuelli, Marie-Noëlle Lienemann et Benoît
Hamon.
Pour le PG/La
Pointe , cette décision cohérente, mais courageuse venant d’un
jeune élu, mérite d’être saluée. Bravo donc à Christophe Léonard pour cette
action qui lui a permis de relayer la volonté de ses électeurs ! Mieux
qu’un bon point, elle lui vaut de notre part un satisfecit qui ne nous fait
cependant pas oublier qu’il soutient par ailleurs fidèlement un gouvernement
qui fait bien peu pour lutter contre les plans sociaux, qui s’est contenté
d’une action a minima sur le prix du carburant, qui a raboté les dotations aux
collectivités ou encore qui reste muet sur la situation en Syrie et au Mali...
Laurent Bouvier
2 commentaires:
OK, Christophe Léonard a voté contre le traité européen, mais ça l'empeche pas de rester socialiste et de soutenir le gouvernement de Hollande. Moi, je n'attend rien de lui, il ne fera rien de bien utile pour la Valleye
Mais est-ce que l'on garde des "archives" en matière de discours prononcé par les hommes politiques? Non mais parce que si on réécoute les propos de François Hollande durant sa campagne, aussi puérile fut-elle, et les actes qu'il accomplit aujourd'hui, franchement y'a un gros souci! Soit on a tous compris ses phrases à l'envers, soit c'est lui qui dit le contraire de ce qu'il va faire.
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