On ne sait ce qui est le plus stupéfiant. Sont-ce les
révélations sur l’espionnage de l’Union européenne par les services
états-uniens ? Ou alors la surprise qu’elles provoquent chez les
dirigeants de l’UE ? Il faut croire que la rhétorique de l’unité du
« monde libre » pendant la guerre froide, prolongée par la thèse de
l’unité de l’« Occident » dans le « choc des
civilisations », a fait oublier à nos lamentables dirigeants européens que
la puissance dominante du monde a une position et des intérêts distincts des
leurs. Oui les Etats-Unis sont un empire qui mène une politique active pour
maintenir son hégémonie.
La naïveté des chefs européens est feinte ou alors elle est
accablante ! Ces aigles croyaient-ils vraiment que Washington dépense la
moitié du budget militaire de la planète entière uniquement pour faire la
guerre au terrorisme ? Pensaient-ils que l’impérialisme états-unien était
menacé par le mollah Omar et sa mobylette ? La prétendue « guerre
contre le terrorisme » sert davantage à enrôler ce genre de pigeons sous
la bannière étoilée, et accessoirement à faire main basse sur le pétrole, talon
d’Achille de l’Empire, qu’à éliminer des terroristes qui s’avèrent plus
nombreux après chaque invasion.
Ce qui menace l’hyperpuissance états-unienne est en fait
l’ascension de la Chine
ou le risque que la Russie
se rétablisse du martyr qui lui a été imposé par le fantoche ami du FMI,
Eltsine. Cela aurait pu être l’Union européenne si celle-ci était devenue une
puissance autonome et non un protectorat de l’OTAN livré à son tour au FMI et à
ses politiques de destruction massive. Il était donc logique que l’Empire nous
espionne puisqu’il est l’Empire et que la puissance de celui-ci n’est pas
compatible avec l’existence de rivaux, quand bien même ceux-ci seraient des
alliés.
Bien sûr, si les faits ne nous surprennent pas, leur
découverte change tout. D’abord l’UE ne peut rester inerte. Un signe de
faiblesse supplémentaire encouragerait des comportements toujours plus arrogants
à notre encontre. Même Pasqua en son temps avait expulsé des espions
états-uniens qui se faisaient passer pour de simples diplomates. Cela crée un
climat de travail. Ensuite, beaucoup de nos concitoyens s’étranglent en
découvrant le comportement de « l’ami américain ». Ils comprennent
plus vite et encore mieux notre slogan « non à l’Europe américaine ».
Le travail de préparation des opinions au grand marché transatlantique est à
l’eau. Excellent !
Rappelons la manière dont le GMT nous a été vendu. Il
s’agirait d’un accord mutuellement profitable où les enjeux de rapports de
forces n’auraient dès lors aucune place. Si Obama a proposé de relancer ce
projet, c’est pour notre bien commun… bien sûr ! Alors son système
d’écoutes est sans doute l’équivalent de l’émetteur mis dans la chambre de Bébé
pour rassurer des parents débordant d’affection ! L’attitude des
Etats-Unis est une raison de plus d’arrêter les négociations sur le GMT.
Il faut rappeler que le mandat de négociation est resté
secret au nom de l’efficacité diplomatique. Il n’a été porté à la connaissance
ni des citoyens ni des parlementaires. En revanche la partie états-unienne y
avait accès depuis les bureaux bruxellois de l’OTAN. Hier l’efficacité
diplomatique justifiait de violer les principes démocratiques. Aujourd’hui il
faudrait y renoncer pour ne pas vexer l’Oncle Sam ? L’ami américain a, de
part et d’autre d’un large sourire, de bien grandes oreilles. Il a aussi de
grandes dents.
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