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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

mercredi 3 juillet 2013

Oncle Sam, que vous avez de grandes oreilles !

On ne sait ce qui est le plus stupéfiant. Sont-ce les révélations sur l’espionnage de l’Union européenne par les services états-uniens ? Ou alors la surprise qu’elles provoquent chez les dirigeants de l’UE ? Il faut croire que la rhétorique de l’unité du « monde libre » pendant la guerre froide, prolongée par la thèse de l’unité de l’« Occident » dans le « choc des civilisations », a fait oublier à nos lamentables dirigeants européens que la puissance dominante du monde a une position et des intérêts distincts des leurs. Oui les Etats-Unis sont un empire qui mène une politique active pour maintenir son hégémonie.

La naïveté des chefs européens est feinte ou alors elle est accablante ! Ces aigles croyaient-ils vraiment que Washington dépense la moitié du budget militaire de la planète entière uniquement pour faire la guerre au terrorisme ? Pensaient-ils que l’impérialisme états-unien était menacé par le mollah Omar et sa mobylette ? La prétendue « guerre contre le terrorisme » sert davantage à enrôler ce genre de pigeons sous la bannière étoilée, et accessoirement à faire main basse sur le pétrole, talon d’Achille de l’Empire, qu’à éliminer des terroristes qui s’avèrent plus nombreux après chaque invasion.

Ce qui menace l’hyperpuissance états-unienne est en fait l’ascension de la Chine ou le risque que la Russie se rétablisse du martyr qui lui a été imposé par le fantoche ami du FMI, Eltsine. Cela aurait pu être l’Union européenne si celle-ci était devenue une puissance autonome et non un protectorat de l’OTAN livré à son tour au FMI et à ses politiques de destruction massive. Il était donc logique que l’Empire nous espionne puisqu’il est l’Empire et que la puissance de celui-ci n’est pas compatible avec l’existence de rivaux, quand bien même ceux-ci seraient des alliés.

Bien sûr, si les faits ne nous surprennent pas, leur découverte change tout. D’abord l’UE ne peut rester inerte. Un signe de faiblesse supplémentaire encouragerait des comportements toujours plus arrogants à notre encontre. Même Pasqua en son temps avait expulsé des espions états-uniens qui se faisaient passer pour de simples diplomates. Cela crée un climat de travail. Ensuite, beaucoup de nos concitoyens s’étranglent en découvrant le comportement de « l’ami américain ». Ils comprennent plus vite et encore mieux notre slogan « non à l’Europe américaine ». Le travail de préparation des opinions au grand marché transatlantique est à l’eau. Excellent !

Rappelons la manière dont le GMT nous a été vendu. Il s’agirait d’un accord mutuellement profitable où les enjeux de rapports de forces n’auraient dès lors aucune place. Si Obama a proposé de relancer ce projet, c’est pour notre bien commun… bien sûr ! Alors son système d’écoutes est sans doute l’équivalent de l’émetteur mis dans la chambre de Bébé pour rassurer des parents débordant d’affection ! L’attitude des Etats-Unis est une raison de plus d’arrêter les négociations sur le GMT.

Il faut rappeler que le mandat de négociation est resté secret au nom de l’efficacité diplomatique. Il n’a été porté à la connaissance ni des citoyens ni des parlementaires. En revanche la partie états-unienne y avait accès depuis les bureaux bruxellois de l’OTAN. Hier l’efficacité diplomatique justifiait de violer les principes démocratiques. Aujourd’hui il faudrait y renoncer pour ne pas vexer l’Oncle Sam ? L’ami américain a, de part et d’autre d’un large sourire, de bien grandes oreilles. Il a aussi de grandes dents.

François Delapierre


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