Il y a quelques jours plus d’une dizaine de militants de Greenpeace pénétraient sur le Centre nucléaire de production d’électricité du Tricastin (CNPE) avec une aisance déconcertante. Ils avaient déjà réussi la même opération sur le CNPE de Cruas-Meysse en 2011.
Est-ce un hasard ?
Alors que les salariés de l’Unité de protection de la matière et du site (UPMS) d’Areva Tricastin observaient un mouvement de grève fin mai 2013 pour dénoncer des réductions d’effectifs ne leur permettant plus d’assurer leurs missions de sécurité, alors que 100% de salariés de la société PROSEGUR, prestataire en charge de la sécurité sur la centrale de Cruas-Meysse sont actuellement en grève depuis le 2 juillet 2013 pour dénoncer des conditions de travail au rabais et la pression insupportable que la rentabilité à tout prix leur impose, la direction d’EDF et le gouvernement Ayrault ne proposent rien de mieux que de condamner plus lourdement les lanceurs d’alertes et les hommes et les femmes qui se battent au quotidien pour protéger la sécurité et la santé des employés et des riverains des sites nucléaires.
C’est dans cette stratégie du déni de réalité que la direction du CNPE de Cruas-Meysse vient de signifier au secrétaire de son Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sa convocation devant une commission de discipline, première phase avant un possible licenciement.
Cet agent est utilisé comme fusible du dysfonctionnement général des procédures de sécurité à la centrale du Cruas à cause du recours systématique à des entreprises sous-traitantes pour des raisons d’économies.
Le Parti de Gauche dénonce une nouvelle fois les conditions de travail insupportables d’un personnel de plus en plus livré à la concurrence et à l’austérité par le recours systématique à la sous-traitance (voir notre contribution au débat national sur la transition énergétique).
Il dénonce cet acharnement sur les personnes qui, avec une grande responsabilité, prennent des risques pour protéger et attirer l’attention des populations sur la dégradation de la sécurité et de la sûreté nucléaires. Il affirme son soutien à tous les personnels qui tentent de montrer la réalité actuelle des conditions de travail dans les centrales nucléaires et sera particulièrement attentif à la suite donnée à cette tentative d’intimidation sur un secrétaire de CHSCT et sur des employés fortement engagés à défendre leurs droits et notre sécurité.
Le Parti de Gauche demande au gouvernement d’ouvrir une enquête parlementaire approfondie sur l’état réel de la sous-traitance dans l’industrie électronucléaire, et sur les manquements graves d’EDF en particulier, avant que le projet de loi sur la transition énergétique n’arrive devant le Parlement.
Le Parti de Gauche plaide aussi pour la création d’un pôle public de l’énergie et l’abrogation de la loi Nome, avec la renationalisation et la socialisation d’EDF, d’Areva et de GDF-Suez. Il ne s’agit pas, comme l’ont affirmé le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, de céder des parts dans GDF-Suez et dans EDF. Tout au contraire, pour mettre fin au dumping social qui aboutira rapidement à l’accident grave, il faut urgemment sortir cette industrie hautement stratégique des rouages délétères de la concurrence.
Didier Thevenieau et Mathieu Agostini
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire