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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

samedi 11 mai 2013

Quand Givet était vraiment de gauche…


Nous savons tous, ou du moins nous devrions tous savoir, que la Révolution française a vraiment débuté le 5 mai 1789 par la réunion des Etats généraux, un anniversaire que le Front de Gauche a brillamment célébré dimanche dernier en défilant à Paris. Parmi les députés présents ce jour-là à Versailles, se trouvaient ceux du Tiers état du bailliage d’Avesnes, qui représentaient aussi la prévôté d’Agimont, les deux Givet et Charlemont. Ils étaient chargés de défendre les cahiers de doléances rédigés au début du mois d’avril par l’assemblée de la prévôté, dont l’article 4 stipulait : « L'assemblée a tout lieu d'espérer que la nation, en adoptant l'impôt en nature sur les propriétés, trouvera dans sa sagesse des moyens d'atteindre et de faire contribuer les capitalistes et autres qui tiennent leur fortune dans leurs portefeuilles, ainsi que tous les négociants, commerçants et autres… ». Du Mélenchon avant l’heure dans la Pointe de Givet !

En dépit de ces bonnes résolutions, Givet resta régie par les mêmes notables libéraux qui la dominaient sous l’Ancien régime. Ce n’est qu’en août 1792, après la prise des Tuileries et la destitution de Louis XVI, que le maire Toupet des Vignes, jugé trop mou, fut renversé : le jacobin François Delecolle le remplaça le 24, et on ne perdit pas de temps pour arrêter les suspects. Le 10 septembre, le Mercure Universel publiait ainsi la lettre suivante : « A la nouvelle de la prise de Longwy, toute la garnison et les citoyens ont frémi d’indignation, aussitôt il fut arrêté qu’on planterait l’arbre de la liberté à la forteresse de Charlemont, et qu’on y renouvellerait le serment de vivre libre ou de mourir. Le nouveau maire, M. l’Ecole (sic), le commissaire de guerre et les officiers municipaux ouvraient la marche du cortège, ils portaient les droits de l’homme et les attributs de la liberté. Le commandant de Givet et quelques autres chefs […] se sont joints à la municipalité, ils ont prêté le nouveau serment de mourir pour la patrie, la liberté et l’égalité et de s’ensevelir sous les ruines de la forteresse, plutôt que de capituler avec nos ennemis. Le lendemain, 3 septembre, on arrêta un particulier qui se disait colonel d’une légion belgique, il embauchait pour les émigrés ; il fut conduit en prison. Le lendemain, le conseil de guerre assemblé avait décidé de le renvoyer à Rocroi, pour lui faire son procès ; mais les soldats, dans la crainte qu’il n’échappât au glaive de la loi, l’ont fait sortir de prison et massacré : son cadavre fut jeté dans la Meuse ».   

On le voit, les traîtres et les Autrichiens n’avaient qu’à bien se tenir ! Mais les Givetois savaient aussi comment traiter les curés trop prospères. Ainsi, le 30 novembre suivant, les autorités écrivaient au Président de l’Assemblée Nationale, Gilbert Romme : « Citoyen Président, la voix de la raison et de la vérité s'est fait entendre dans nos cantons, et quoique éloignés du centre des lumières, nous avons ressenti son influence qui a dissipé les ténèbres des préjugés dont nous pouvions encore être enveloppés. Les habitants des communes de Givet, Fort-de-la-Montagne [Charlemont] et environnantes se sont empressés de rendre leur hommage à la philosophie, en abjurant toutes les mômeries superstitieuses qui couvraient l'idole de l'ineptie et de l'imposture. […] La lumière a paru, et tous les joujoux du fanatisme ont quitté leurs cavernes religieuses pour venir établir leur domicile tant à la maison commune, qu'au comité de surveillance. Nous vous envoyons environ mille marcs d'argent qui en proviennent ». 1000 marcs d’argent, soit environ 500 000 euros actuels en objets de culte. Ce n’est pas rien ! On le voit, les confiscations révolutionnaires allaient alors bon train, et malheur à l’aristocrate qui osait se plaindre ! Il est simplement dommage que Givet, si l’on excepte les années suivant la Libération, n’ait plus jamais été de gauche. De la vraie gauche, je veux dire…

Boris Spirta

1 commentaire:

Anonyme a dit…

belle page d'histoire et beau témoignage qui confirme l'immense passé historique de ce superbe bâtiment abandonné lâchement par l'état et les élus locaux qui l'ont peu défendu et vont le léguer à des hurluberlu qui vont faire joujou à la guéguerre alors qu'il y avait moyen de réaliser autre chose en ayant une réflexion plus intelligente en mettant les finances et tout le monde autour du projet
BALA 08