Ite missa est ! Dans le long feuilleton de la réforme
de la carte de l’intercommunalité qui a commencé en avril 2011 avec la mise en
place de la C.D .C.I.
(commission départementale de la coopération intercommunale) et qui a été
marqué, entre autres, par l’adoption dans les derniers jours de l’année d’un
premier schéma proposé par le Préfet Pierre N’Gahane avant qu’il ne soit obligé
à la suite d’une pression extérieure d’en faire valider un deuxième sensiblement
différent en décembre 2012, le dernier épisode vient d’avoir lieu. Il s’est
déroulé lundi dernier, à 18h45, lorsque les membres de la C.D .C.I. ont amendé, lors de
leur ultime réunion, à la majorité qualifiée de 28 voix sur 42 les nouveaux
périmètres qui auront cours dans le nord du département. De 16 communautés de
communes allant de 3.781 à 42.770 habitants, d’une communauté d’agglomération
et de 11 communes blanches, le département passera donc à compter du 1er
janvier 2014 à une nouvelle carte de l’intercommunalité dans laquelle ses 463
communes sans exception seront réparties entre 8 communautés de communes, dont la moins peuplée
aura 10.188 habitants, et une grande communauté d’agglomération de 135.171
habitants.
Le double objectif fixé par la loi, à savoir la disparition
des communes blanches et la suppression des communautés de communes de moins de
5.000 habitants, a donc été largement atteint, avec au passage trois
modifications de taille. La première, dans l’ensemble passée largement
inaperçue malgré l’opposition acharnée du conseiller général Joseph Afribo qui
est allé jusqu’à s’offrir un encart publicitaire dans L’Ardennais pour faire
connaître au plus grand nombre sa façon de penser, a été le regroupement des
quatre intercommunalités du sud-ouest des Ardennes – dont la toute récente
communauté de communes du Rethélois créée il y a à peine un an - dans une
structure qui devrait prendre le nom jugé plus pétillant de Nord Champagne. La deuxième
modification qui, elle, n’a échappé à personne, a été la mise en place d’une
grande agglomération réunissant Charleville-Mézières et Sedan, avec en prime
les zones industrielles de Bazeilles à l’est et de Tournes-Cliron à l’ouest. De
quoi ravir Claudine Ledoux et Didier Herbillon, les maires socialistes des deux
principales villes ardennaises qui cherchaient à se rapprocher depuis
longtemps, mais également de quoi inquiéter tous ceux qui sont attachés à un
développement harmonieux du territoire et qui craignent déjà une hyper concentration
de l’activité économique départementale dans cette superstructure.
Enfin, le dernier changement d’importance, qui a défrayé la
chronique durant de longs mois, a été la modification du périmètre de la
communauté de commune Ardenne Rives de Meuse. D’abord maintenue dans son état
initial par le premier schéma du Préfet, cette intercommunalité de 17 communes
bénéficiant des retombées fiscales tant convoitées de la centrale nucléaire de
Chooz s’était retrouvée dans le second schéma noyée dans un regroupement de 50
communes allant de Givet au sud de Charleville-Mézières et des Hautes Rivières
à Gué d’Hossus. Un vrai fourre-tout conçu (officiellement du moins) pour unir les destinées du nord du
département, mais qui ne correspondait à rien en terme de bassins de vie et de
problématiques économiques ! Sans compter qu’il laissait augurer d’un
fonctionnement au quotidien particulièrement difficile étant donné les
antagonismes, pour ne pas dire les haines, existant entre les principaux élus
de ce grand regroupement refusé par ailleurs par 36 communes représentant plus
de 70 % de la population. Les opposants à ce projet, mené par le trio
Dekens-Wallendorff-Blanchemanche, ont donc pris leur bâton de pèlerin pour
rameuter le ban et l’arrière-ban tout en s’efforçant de convaincre les indécis
grâce aux conclusions d’une étude sur les conséquences fiscales d’une telle
création.
Une combativité qui a payé puisqu’à la surprise générale,
ils ont été capables de rallier les 2/3 des membres de la C.D .C.I. à leur proposition de
bon sens de créer 3 communautés de communes en lieu et place de la grande intercommunalité
Nord Ardennes : Ardenne Rives de Meuse élargie à Revin et à Anchamps ;
une fusion entre Val et Plateau d’Ardenne et Plaines et Forêts de l’Ouest
Ardennais amputée chacune de 6 communes ; le maintien en l’état de la
communauté de communes de Meuse et Semoy. Le principal gagnant de ce nouveau
découpage est donc Revin, qui rejoint enfin Ardenne Rives de Meuse après des
années de combat menées notamment par son ancien maire Philippe Vuilque, tandis
que le grand perdant est Erik Pilardeau qui n’a pas réussi à étendre le
périmètre de Meuse et Semoy. Dans le combat engagé entre la mangouste et lecobra, c’est donc lui qui a joué le rôle du serpent Nag et Claude Wallendorff
celui de Rikki-Tikki-Tavi ! Du moins dans l’immédiat puisqu’une clause de
revoyure est prévue dès 2015 dont personne ne peut dire aujourd’hui ce sur quoi
elle débouchera…
Laurent Bouvier
(pour une meilleure lecture de cette ancienne carte de l'intercommunalité, vous pouvez l'agrandir en faisant un clic gauche dessus)
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