L’état de la ligne ferroviaire reliant Charleville-Mézières
à Givet n’est un secret pour personne : il est déplorable, à tel point que
de nombreux ralentissements doivent être observés par les conducteurs de train,
ce qui a pour effet de rendre le temps de parcours plus long qu’il ne l’était
en 1970 ! Cette situation a conduit à une grogne bien compréhensible des
usagers, mais aussi plus largement de tous ceux qui sont attachés à la défense
d’un service public de qualité. C’est pourquoi, dans la continuité de la
pétition lancée à l’automne dernier dans plusieurs gares de cette ligne par le
Front de Gauche qui a recueilli des milliers de signatures, le PG/La Pointe et le PCF avaient
décidé de proposer aux communes des cantons de Givet et de Fumay d’adopter une
motion à l’adresse du ministre des transports afin de demander une remise aux
normes de cette infrastructure ferroviaire qui est l’une des plus fréquentées
de la Région
avec près de 900.000 passagers par an.
La réponse de ce dernier aux maires de la Pointe , datée du 19 avril,
a le mérite de la clarté. Frédéric Cuvillier commence par y rappeler que des
travaux de modernisation de la voie ont eu lieu en 2008 et 2009 pour un montant
de 20 millions d’euros et que d’autres se dérouleront cet été, à hauteur de 10
millions pour la ligne et d’autant pour les ouvrages d’art : ainsi, ce
sont 13 kilomètres
qui seront rénovés, avec notamment des interventions sur trois tunnels et deux
ponts de franchissement de la Meuse. Il
ajoute cependant que, malgré la maintenance annuelle de la ligne qui s’élève à
3,5 millions d’euros, la situation dégradée de certaines portions de la voie
est telle que des travaux estimés à 110 millions d’euros - aux conditions
économiques de 2011 – seront indispensables dans la décennie à venir pour
éviter de nouvelles limitations de vitesse. Mais de là à dire qu’ils auront
lieu, il y a un pas qu’il se refuse à franchir !
En effet, dans sa conclusion, il précise que compte tenu de
la contrainte budgétaire actuelle et des résultats d’une étude qui a montré que
les actions de renouvellement devaient porter sur le réseau principal, c’est
« sur ce réseau que le gouvernement a demandé à RFF de concentrer ses
efforts ». Et d’en déduire que comme la ligne Charleville-Givet ne fait
pas partie de ce réseau principal, la « mise en place rapide d’un plan de
régénération de cette voie est très peu probable » sans la participation
financière des collectivités territoriales intéressées. Pire, il rajoute que la
« participation de l’Etat […] est difficilement envisageable » et
qu’elle ne pourra être débattue que dans le cadre du prochain contrat de
projets Etat-Région qui commencera en 2014. Il ne faut donc s’attendre à aucune
amélioration sensible de l’état de la voie à court terme ! Pour le PG/La Pointe , cette position qui
donne la priorité au réseau national sur les lignes TER est inacceptable, non
seulement parce qu’elle nuit au bon aménagement du territoire, mais aussi parce
qu’elle fait fi des dangers croissants qui pèsent sur la sécurité des voyageurs
empruntant cette ligne. Espérons cependant que la raison l’emportera avant
qu’un accident ne survienne…
Laurent Bouvier
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