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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

samedi 8 juin 2013

Hommage à un grand socialiste qui vient de nous quitter !

Hier, Pierre Mauroy, un grand socialiste est décédé ! Aîné d’une famille de sept enfants, petit-fils de bûcheron et fils d’instituteur, il était né le 5 juillet 1928 dans le Nord, à Cartignies, au milieu des corons et des grandes figures du socialisme comme Léo Lagrange dont il garda toute sa vie le souvenir ému de la visite qu’il rendit à son grand-père. Après sa scolarité au collège de Cateau-Cambrésis, il étudia à l’école normale d’apprentissage de Cachan de 1951 à 1956 et devint professeur de l’enseignement technique à Colombes. Parallèlement, il avait adhéré aux Jeunesses Socialistes en 1945, à l’âge de 16 ans seulement, et il exerça la fonction de secrétaire national de cette organisation de 1949 à 1958, tout en fondant en 1951 un mouvement d’éducation populaire et de loisirs, la Fédération nationale des clubs Léo Lagrange.

Devenu membre du bureau national de la SFIO dès 1963, puis secrétaire national adjoint de 1966 à 1969, il oeuvra au rassemblement de la famille socialiste en accueillant François Mitterrand et en l’aidant à créer en 1971 lors du congrès historique d’Epinay-sur-Seine le Parti socialiste sur les ruines de la vieille SFIO. Promu numéro deux de cette formation politique moderne, il fut élu en 1973 maire de Lille, puis député. L’année suivante, il fit de façon éclatante la preuve de ses talents de rassembleur en obtenant, d’une part l’entrée dans le PS de la deuxième gauche menée par le social-libéral Michel Rocard, et d’autre part la conclusion avec le Parti communiste du Programme commun. Un exploit qui fit de lui le lien entre « les idéalistes obnubilés par la construction de la société future » et « les pragmatiques préoccupés de gestion quotidienne »  et qui lui valu d’être nommé porte-parole par François Mitterrand pour sa troisième campagne présidentielle.

Après la victoire du candidat socialiste, il fut nommé le 21 mai 1981 premier ministre et resta à Matignon mille cent cinquante trois jours pendant lesquels il dirigea trois gouvernements d’union comprenant des ministres communistes. Il prit alors de nombreuses mesures qui marquèrent profondément la France et les catégories populaires : l’abolition de la peine de mort, l’autorisation des radios FM, le lancement de la décentralisation, la création de l’impôt sur les grandes fortunes, la mise en place d’une cinquième semaine de congés payés, la réduction de la durée hebdomadaire du travail à 39 heures, l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans, la hausse de 10 % du SMIC horaire ou encore de 20 % du minimum vieillesse et de 25 % des allocations familiales ! De vraies mesures de gauche qui changèrent la vie, comme on disait à l’époque, mais qui n’empêchèrent pas le chômage de franchir pour la première fois le cap des deux millions de personnes. Cela l’amena après la défaite subie aux élections municipales de 1983 a modifié sa politique et à prendre le tournant de la rigueur qu’il décrivit devant l’Assemblée Nationale comme « un effort de l’ensemble de la collectivité nationale pour des succès qui ne peuvent pas être immédiats ».

Il se lança alors dans la restructuration des charbonnages, de l’automobile, des chantiers navals et surtout de la sidérurgie à laquelle l’usine de la Chiers à Vireux-Molhain n’échappa pas. Mais il dut faire face à une opposition croissante qui culmina lorsque les défenseurs de l’école privée furent un million et demi à manifester. Devant cette impopularité, celui qui avait réussi à appliquer 96 des 110 propositions du programme de François Mitterrand démissionna le 17 juillet 1984. A 56 ans, l’heure de la retraite n’ayant pas encore sonné, il s’efforça d’atténuer les dissensions entre les différents courants socialistes, ce qui l’amena à prendre la tête de ce parti de 1988 à 1992. Puis, il quitta l’Assemblée Nationale pour le Sénat et, tout en restant Président de la Communauté urbaine de Lille Métropole, il devint le premier Français à présider l’Internationale Socialiste. En 2001, il quitta la mairie de Lille et après avoir été condamné le 04 février 2011 à 20.000 euros d’amende avec sursis pour un emploi fictif à la Communauté urbaine de Lille, il ne se représenta pas aux élections sénatoriales et abandonna toute activité politique. Une triste sortie pour un homme qui s’était voué entièrement à sa ville et à sa région, qui ne l’empêchera cependant pas de bénéficier mardi matin d’une cérémonie d’hommage aux Invalides présidée par François Hollande que le PG/La Pointe estime largement méritée… 

Laurent Bouvier


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