Après l’annonce en octobre dernier, qui avait fait l’effet
d’un véritable coup de tonnerre dans toute la vallée de la Meuse , par la multinationale
suédoise Electrolux de sa volonté de se désengager du site industriel de Revin,
les 419 salariés concernés viennent d’être fixés sur leur sort. L’usine ne sera
pas fermée, comme beaucoup le craignait, mais très certainement reprise par l’entreprise
française Selni qui est spécialisée dans la fabrication de moteurs électriques
pour appareils électroménagers. Une bonne nouvelle dont il y a, a priori, tout
lieu de se réjouir ! Pourtant, à bien y regarder, même si ce transfert de
propriété qui deviendra effectif dès le 30 novembre de cette année permettra de
maintenir une activité industrielle sur le site, la situation est loin d’être
enthousiasmante. Très loin même, et ce pour au moins trois raisons.
La première, qui n’aura échappé à personne, est que cette
reprise ne concernera que 230 salariés ! Autrement dit, dans un bassin
d’emplois déjà très fortement sinistré, ce sont 189 personnes qui vont perdre
leur travail, soit sensiblement plus que les 146 salariés licenciés en 2011
lors de la fermeture d’Ideal Standard qui est encore dans la mémoire de tous
les Revinois. La deuxième raison est que l’on peut avoir des doutes légitimes
sur la solidité du repreneur, étant donné que Selni qui avait été placé en
redressement judiciaire en 2010 et qui compte aujourd’hui à peine plus de 150
salariés a connu au cours de son dernier exercice clos en mars 2013 une perte
d’exploitation d’environ 100.000 euros. Son résultat net, lui, a bien été
positif, mais ce n’est dû qu’à des opérations sur capital qui n’ont aucun
caractère récurrent ! Quant à la dernière raison, c’est qu’il est d’ores et
déjà acté que les derniers lave-linge sortiront de l’usine en 2016. D’ici là, le
nombre de moteurs à produire aura considérablement augmenté, mais rien ne dit
que leur fabrication sera suffisante pour donner du travail à tous les salariés
qui se retrouveront alors libres de tâche ?
Au-delà de la catastrophe sociale qui va se produire dans
les prochaines semaines, le risque à moyen terme d’une nouvelle réduction
drastique des effectifs, voire d’une fermeture pure et simple du site, est donc
bien réel. Dans ces conditions, le PG/La Pointe demande aux pouvoirs publics d’utiliser
tous les moyens à leur disposition afin qu’une solution de reclassement pérenne
soit proposée à tous les salariés qui ne seront pas repris. Nous souhaitons
également, afin qu’Electrolux ne soit pas déchargé de ses responsabilités
premières en cas de fermeture du site à moyen terme, que la multinationale
mette en place un fonds qui garantira aux salariés repris de bénéficier de
conditions financières convenables s’ils devaient être licenciés au cours des
cinq prochaines années. Enfin, nous appelons à la plus grande prudence dans
l’octroi au repreneur de subventions ou d’avances remboursables, de façon à ce
que les collectivités territoriales qui ont tant de fois été échaudées dans un
passé récent ne connaissent pas une nouvelle désillusion.
Laurent Bouvier
Laurent Bouvier
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