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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

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mercredi 25 septembre 2013

Mamère claque la porte d'EELV, en pleine tourmente


Europe Ecologie-Les Verts, a perdu mercredi une de ses figures, Noël Mamère, le jour où son numéro un Pascal Durand officialisait son retrait, deux événements qui illustrent les affres d'un parti en crise. Après des semaines d'éloignement progressif de la formation écologiste dont il dénonçait sans relâche des renoncements, le député-maire de Bègles, 65 ans, a franchi le pas. "J'ai décidé de quitter EELV parce que je ne reconnais pas le parti que j'ai représenté à la présidentielle de 2002", a déclaré l'ancien journaliste au Monde. "Notre parti ne produit plus rien: il est prisonnier de ses calculs et de ses clans. Nous sommes devenus un syndicat d'élus". "J'ai l'impression d'un sur-place qui nuit au rôle que nous pouvons jouer dans la société", ajoute-t-il.

Ce moustachu aux yeux clairs, devenu avocat, est une des figures les plus fameuses de l'écologie politique : parce qu'il a réalisé le plus gros score jamais obtenu par un Vert dans la course présidentielle (5,25% en 2002). Parce qu'il avait célébré, deux ans plus tard dans sa mairie girondine, le premier "mariage" homosexuel, illégal et cassé ultérieurement. Le geste fut jugé par les partisans de la réforme comme une avancée audacieuse et prophétique. Le député a des mots durs contre la direction du parti qu'il quitte et notamment le traitement subi par le secrétaire national : "humiliant", juge-t-il à propos de celui qui, selon des écologistes, à été contraint de jeter l'éponge pour avoir lancé un ultimatum au gouvernement sur la transition écologiste. "Je n'aime pas ces méthodes", dit M. Mamère. "Les vrais patrons sont ceux qu'on appelle « la firme » : Cécile Duflot et ses amis".

Les critiques de M. Mamère ont trouvé écho chez une autre "star" partie d'EELV, l'eurodéputé Daniel Cohn-Bendit, qui a dit mercredi partager "le ras le bol sur le fonctionnement, le clanisme, les couples terrifiants qui règnent sur EELV". "Cuisine interne" dont se dit victime Pascal Durand, qui a officialisé dans une interview au Nouvelobs.com le fait qu'il ne briguerait pas un deuxième mandat à l'occasion du congrès d'EELV, en novembre à Caen. "Si j'avais trahi ou commis une faute, j'aurais pu comprendre la violence des critiques. Mais là j'ai porté la ligne du mouvement, je ne suis pas parti dans une dérive personnelle", estime-t-il. Pour le chef de file des écologistes, son ultimatum au président de la République était un "prétexte" pour l'évincer et "l'illustration d'une certaine préférence pour le nombrilisme et la cuisine interne, les batailles de congrès et les enjeux de pouvoir, plutôt que pour le dialogue avec la société".

"Puisque je ne peux plus être le rassembleur que je souhaitais être et que je ne veux surtout pas être un diviseur de l'écologie, j'en tire les conséquences: je ne serai pas candidat au secrétariat national", annonce celui qui pourrait être tête de liste en Ile-de-France lors des prochaines élections européennes. Le nom d'Emmanuelle Cosse, une proche de la ministre du Logement, est avancé pour succéder à M. Durand au secrétariat national d'EELV. La formation avait été créée en 2010, succédant aux Verts. Pour la première fois, un parti écologiste a trois groupes parlementaires - Palais Bourbon avec 18 élus, Sénat sous la houlette de Jean-Vincent Placé, parlement de Strasbourg - et deux ministres au gouvernement, Cécile Duflot et Pascal Canfin. Ce qui fait dire à Denis Baupin, député de Paris, vice-président de l'Assemblée - et compagnon de Mme Cosse: "Cela a forcément une conséquence sur le parti", "certains ne se retrouvent pas dans cette mutation".

La balance entre posture protestataire et "mains dans le cambouis" a toujours agité et divisé les partis écologistes successifs. Les voix très critiques contre la participation EELV au gouvernement n'ont cessé de se faire entendre depuis des mois. Autre vedette écologiste, Nicolas Hulot a engagé mercredi le parti à se "demander pourquoi il n'a pas réussi à rencontrer la société". "Après la prise de distance d’Eva Joly, l’éviction de Delphine Batho et le congédiement de Pascal Durand pour lèse-majesté, la liste des victimes du règne de la muselière s’allonge", a ironisé Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche qui souhaite "la bienvenue au club des sans muselière" à Noël Mamère. 

(dépêche AFP, 25 septembre 2013)

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