C’est le magazine Capital, pourtant peu suspect d’un
quelconque gauchisme ou d’un penchant antilibéral, qui vient de révéler
l’information : les groupes du CAC 40 ont économisé en pratiquant l’exil
fiscal en Belgique la coquette somme de 2,2 milliards d’euros uniquement pour
les années 2010 et 2011 ! Pour se faire, ils se sont contentés d’y utiliser
la niche fiscale dite des « intérêts notionnels » qui réduit depuis
2005 les impôts sur les bénéfices de certaines activités à 1,8 % contre plus de
33 % en France. Un véritable aspirateur à capitaux qui a incité des groupes du
monde entier à implanter des filiales en Belgique dans lesquelles environ 500
milliards d’euros auraient déjà été déposés. Cette aubaine n’a évidemment pas
échappé aux grands groupes du CAC 40 qui ont été nombreux à l’utiliser.
Parmi eux, celui qui arrive en tête de cette pratique, qui
relève pour les uns de l’optimisation fiscale et pour les autres de la fraude
pure et simple aux impôts, est ArcelorMittal qui, en plaçant 46 milliards
d’euros dans une filiale belge, a pu bénéficier de 997 millions d’euros
d’économie d’impôts pour les années 2010 et 2011. Une somme que les salariés de
Florange, le PG/La Pointe
n’en doute pas, sauront apprécier à sa juste valeur ! Vient ensuite GDF
Suez qui a fait passer sur la même période au nez et à la barbe du fisc
français 422 millions d’euros, suivi par EDF, Carrefour et Danone dont les
économies d’impôts se sont élevées respectivement à 205, 129 et 112 millions
d’euros. Derrière, on trouve encore plusieurs fleurons du CAC 40 comme
Schneider Electric dont l’exil fiscal lui a permis de ne pas débourser 59
millions d’euros, ce qui ne l’a pas empêché d’annoncer au début du mois de
février la fermeture à l’horizon 2015 de son usine de Montpellier, Véolia (45
millions d’euros d’économie), LVMH (43 millions), Vinci (34 millions) et
d’autres grands groupes dont la fraude a été plus limitée puisque le suivant,
Air Liquide, n’a bénéficié « que » de 13 millions d’euros d’économie
d’impôts.
Des chiffres choquants, surtout à un moment où nos
dirigeants n’hésitent pas à faire les fonds de poches des retraités pour
récupérer quelques sous, qu’il convient de faire connaître le plus largement
possible et de dénoncer avec la plus grande fermeté…
Laurent Bouvier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire