« Qu’ils dégagent tous »,
« salopards », « échec du gouvernement »... le vocabulaire utilisé samedi lors du
3e Congrès, à Bordeaux, du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon a traduit une
radicalisation provoquant de vifs débats avec le PS.
Durant ces assises qui s’achèvent dimanche, et
qui ont été largement dirigées contre les « politiques d’austérité » du
gouvernement et de l’Europe, les dirigeants du PG s’en sont en particulier pris
au ministre de l’Economie Pierre Moscovici provocant un échange acerbe avec le
PS. François Delapierre, secrétaire national, a
dénoncé « les 17 salopards de l’Europe » faisant référence à l’attitude des 17
gouvernements de la zone euro à l’égard de Chypre. « Dans ces 17
salopards, il y a un Français, il a un nom, il a une adresse, il s’appelle
Pierre Moscovici et il est membre du Parti socialiste », a-t-il dit vivement
applaudi par les 800 délégués. « Une très belle expression », dit en souriant aux
journalistes Jean-Luc Mélenchon, en qualifiant le ministre de « petit intelligent
qui a fait l’ENA » et qui « ne pense pas français, qui pense finance
internationale ».
Ces propos ont été qualifiés « d’inacceptables »
par le 1er secrétaire du PS, Harlem Désir, qui a demandé à M. Mélenchon de les
« retirer ». « C’est un vocabulaire des années 30 que l’on ne pensait plus
entendre de la bouche d’un républicain et encore moins d’un dirigeant de
gauche », a dit M. Désir à l’AFP. « Une diversion, à la méthode socialiste
habituelle : insulter et insinuer plutôt que de répondre sur le fond », a répondu
Jean-Luc Mélenchon. Harlem Désir « ferait bien de nous dire ce que pense le PS
du vote des ministres français sur Chypre », a-t-il ajouté.
« On a un congrès qui ressemble à ce qu’on croit
nécessaire de faire. La situation se tend, on va accompagner le mouvement »,
avait prévenu plus tôt Jean-Luc Mélenchon. « On est dans une époque où les
citoyens cherchent des réponses claires et fermes », justifie Martine Billard
qui copréside le parti avec M. Mélenchon. Pour François Delapierre, le gouvernement
« emmène la
France à
la catastrophe » et « chaque jour prépare le terrain et facilite la tâche à
l’extrême droite ». « On ne veut pas laisser le FN être le seul à parler fort»,
ajoute Martine Billard pour qui il s’agit « d’une course de vitesse avec le FN ». « On est plus radicaux parce que le coup de
bambou en face (au gouvernement) a changé de nature », ajoute Pascale Le
Neouannic, secrétaire nationale. « Nous créerons le conflit partout, le conflit
crée la conscience », répète Jean-Luc Mélenchon.
La situation de Chypre a constitué « la goutte
qui fait déborder le vase », souligne Eric Coquerel, secrétaire national. « Il
faut incarner de manière très claire la rupture avec la politique
social-libérale», ajoute-t-il. « Chypre c’est un franchissement, c’est un acte
de guerre », estime M. Mélenchon qui décrit un euro « censé être le fluide qui
unit les pays » et qui « au contraire est le moyen de serrer la gorge ». « Hollande
a tout lâché, il a tout faux. Il a peur », ajoute-t-il.
Des propos radicaux qui laissent parfois
perplexe le Parti communiste, partenaire du PG au sein du Front de gauche.
Pierre Laurent, secrétaire national du PCF applaudi par la salle, a passé sa
journée sur place. « Le Front de gauche a toujours avancé dans le
débat », tempère-t-il lorsqu’on évoque d’éventuelles dissensions, notamment au
sujet des municipales. « Il n’y a pas de guerre ou de conflit dans le Front de
gauche, il y a des débats », ajoute-t-il. « Il y a des débats dans le Front de gauche et
c’est normal, nos partis n’ont pas fusionné que je sache », approuve Jean-Luc
Mélenchon. Le débat des municipales oppose le Parti de gauche qui, comme l’a
déclaré Jean-Luc Mélenchon, veut « une liste autonome au premier tour, en tout
cas dans les grandes villes » et le PCF qui gère de nombreuses villes avec le
PS.
« Le problème des municipales n’est pas une
échelle de ville », explique Pierre Laurent pour qui le « rassemblement dans les
communes » doit se faire « au-delà du Front de gauche » et « ensuite on examinera
l’arc des forces ». « Il y a un débat » au Front de gauche, admet-il
tout en soulignant que celui-ci « ne se résume pas à un face-à-face PG-PCF »
(dépêche AFP, 23 mars 2013)
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