Le tout dernier « jaune budgétaire », le document
annexé au projet de loi de Finances 2014 sur les personnels affectés dans les
cabinets ministériels, vient d’être rendu public. Instauré en 2001 à
l’initiative de Lionel Jospin pour mettre fin à la pratique des enveloppes
données sans contrôle de la main à la main, il permet de connaître avec
précision les primes, baptisées pudiquement « indemnités pour sujétions particulières »,
qui ont été distribuées dans les ministères en 2013. Accordées selon le bon
vouloir des ministres pour compenser les servitudes de la fonction,
c'est-à-dire le temps passé et le travail très important fournis par certains
collaborateurs sur les dossiers les plus délicats, elles se sont élevées à plus
de 12 millions d’euros qui ont été répartis entre 449 des 565 membres
constituant les cabinets des ministres. Une somme inférieure à la moyenne des
années 2007 à 2012, mais légèrement plus élevée que l’année précédente !
Dans le détail, comme vous pouvez le voir sur le document
ci-dessous, ce sont 4 membres du cabinet de la ministre chargée de la
décentralisation, Anne-Marie Escoffier, qui ont été les mieux lotis avec chacun
42.478 euros de complément de revenu annuel, soit la bagatelle de 3.540
euros/mois. Suivent 11 membres du cabinet d’Aurélie Filippetti, ministre de la
Culture, qui ont touché 42.123 euros et 8 collaborateurs de Sylvia Pinel,
ministre du Tourisme, qui ont été gratifiés de 40.195 euros. Moins généreux,
Jean-Marc Ayrault a accordé à 67 membres de son cabinet un peu plus de 2.700
euros/mois tandis que le ministre du Travail, Michel Sapin, visiblement très
moyennement satisfait des piètres résultats de ses collaborateurs qui n’ont pas été capable
d’inverser la courbe du chômage ferme le bal avec une rallonge de 670 euros
bruts mensuels.
Si l’on ajoute à ces collaborateurs politiques directs les
personnels de cabinet chargés des « fonctions de support », tels les
gardes du corps, chauffeurs, secrétaires, cuisiniers, serveurs, maîtres d’hôtel
ou encore les femmes de chambre qui bénéficient de primes oscillant entre 200
et 500 euros/mois, ce sont en tout 2.920 personnes qui ont reçu un complément
de rémunération s’élevant globalement à 26,5 millions d’euros ! Certains
ne manqueront pas de dire qu’au regard des 74,9 milliards d’euros de déficit
budgétaire enregistrés par la France l’an dernier, c’est relativement peu. Mais
à l’heure où le nouveau gouvernement s’est lancé dans une cure d’austérité sans
précédent et où bon nombre de Français touchés par la crise ont du mal à
joindre les 2 bouts, il serait bien venu que le montant de ces primes soit
ramené à un niveau décent. Cela permettrait au sommet de l’Etat de montrer qu'en matière d'utilisation des deniers publics, il ne se contente pas de fixer un cap mais sait aussi montrer l'exemple…
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