Dans les mois qui viennent, le Parlement européen devrait se
prononcer sur le 4ème paquet ferroviaire portant sur l’obligation d’ouverture à
la concurrence du transport de voyageurs de proximité. Bien évidemment, les
libéraux le présentent sous de belles couleurs : « Le 4ème paquet
ferroviaire vise à améliorer la qualité des services de transport ferroviaire
des passagers » mais sans pouvoir cacher l’objectif :
« permettre aux nouveaux opérateurs d’obtenir des contrats de services
publics ». Le gouvernement de M. Valls a décidé d’anticiper, comme le
reconnaît Gilles Savary, député PS rapporteur d’un projet de loi identique au
système européen proposé. On apprend au détour des débats que « la part du
chiffre d’affaires de la SNCF correspondant au service public ne dépasse plus
20 % ». Pas étonnant lorsqu’on découvre que la filiale publique Fret SNCF
a perdu quasiment 50 % de son chiffre d’affaires pendant qu’une filiale privée
est en pleine croissance ! C’est bien là tout le tour de passe passe de
cette réforme : transférer le maximum d’activités rentables à des filiales
privées et essayer de transférer les « charges » de service public
aux régions.
Ainsi la restructuration en 3 sociétés, sous le statut d’EPIC (établissement
public industriel et commercial), préfigure l’apparition aux côtés de « la
SNCF, SNCF Réseau et SNCF Mobilités [qui] constituent un groupe public
ferroviaire appartenant au système de transport ferroviaire national »
d’autres sociétés qui seront privées. Tout est fait pour préparer cette
concurrence, jusqu’au statut des salariés. Ainsi « La SNCF, SNCF Réseau et
SNCF Mobilités [pourront] également employer des salariés sous le régime des
conventions collectives ». Pour les personnels qui resteront sous statut,
« une convention de branche peut compléter les dispositions statutaires ou
en déterminer les modalités d’application dans les limites fixées par le statut
particulier ». Par ailleurs le temps de travail sera défini par décret.
C’est donc bien du démantèlement du statut des cheminots dont il est question.
Cela reproduit l’évolution de la Poste où tous les recrutements se font
maintenant sous contrat de droit privé avec toutes les dérives connues de
l’intérim et des CDD à répétition. Voilà pourquoi aujourd’hui les cheminots
sont en grève, mais aucun média ne vous a expliqué pourquoi. Le FN a lui montré
son vrai visage en accusant les syndicats de complicité dans la situation
dégradée de la SNCF ! Seule une entreprise publique du rail peut maintenir
et développer un réseau ferroviaire permettant de répondre aux besoins
d’aménagement du territoire dans le respect de l’égalité d’accès et dans le
cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Le Parti de Gauche
soutient totalement la grève appelée par les syndicats pour la défense du
service public contre la concurrence synonyme de service plus cher, de moindre
qualité, moins respectueux de la sécurité, avec de moins bonnes conditions de
travail et de moins bons salaires pour les cheminots.
Martine Billard, co-présidente du Parti de Gauche
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