Dans un article de L’Ardennais paru en décembre dernier, on apprend que la procédure de relèvement des tombes lancée par la mairie de Givet en 2006 arrive à son terme dans les deux cimetières de Saint-Hilaire et de Saint-Roch. Une grande partie des 762 tombes jugées dangereuses qui n’ont pas été réclamées sera donc bientôt détruite et les restes qu’elles contiennent seront déposés dans un ossuaire. Une mesure certes rigoureuse et peu courante, mais que justifient les risques causés par les sépultures à l’abandon : une croix qui s’effondre, un bloc de marbre qui ne tient plus, et la responsabilité du maire serait engagée. Evidemment, Claude Wallendorff ne le désire pas, d’autant qu’il ne souhaite pas non plus investir dans un nouveau cimetière ! Mais si beaucoup de communes françaises se contentent de démolir, le maire de la cité de Méhul a déjà fait savoir que certaines tombes seront restaurées, notamment « les caveaux des familles Estivant et Gilbert, ou les tombes des sœurs et des prêtres qui ont officié à Givet ».
Un traitement dérogatoire pour le moins surprenant sur une terre laïque et démocratique, qui amène par exemple à se demander pourquoi Léopold Charles Lefèvre, ouvrier pipier chez Gambier, mort en mars 1866, devrait céder le pas dans l’autre monde à son voisin Léonard Gilbert, créateur des crayons du même nom et décédé une semaine auparavant ! Mais puisque Claude Wallendorff y tient, espérons au moins qu’il n’oubliera pas parmi les religieux Marie Hélène Vinère, dite de Beaupré, trépassée en 1757 dans une cellule du couvent des Récollectines où elle avait été enfermée à vie sur ordre du bon roi Louis XV. Quant aux célébrités locales, j’en ai deux à signaler à son attention, qui reposent très près l’une de l’autre dans le cimetière Saint-Hilaire !
D’abord Louis-Jules Lartigue, né à Nancy le 16 septembre 1836, qui fit sa carrière dans l’administration des forêts, principalement dans les actuelles Alpes de Haute-Provence, avant de se retirer pour raisons de santé ( !) à Givet en 1871 où il y fut d’abord adjoint au maire en 1874, puis premier magistrat du 18 mai 1884 à sa mort, le 17 juin 1898. Comme maire de Givet, il profita du déclassement militaire de 1892 pour créer, sur l’emplacement des anciens glacis et remparts, non pas des parkings mais la place Méhul, le jardin public et les avenues Faidherbe, Victor Hugo et Pasteur. Par ailleurs, ce féru d’histoire locale fut également vice-président du Conseil général et échoua de justesse à la députation avec l’étiquette radicale-socialiste. Des « états de service » propres à faire pâlir d’envie la plupart de ses successeurs, mais qui justifient bien un geste de la mairie.
Ensuite un membre de la famille Toupet des Vignes, dont la tombe familiale est dans un état proprement lamentable ! L’inscription est à peu près illisible, même si on y distingue un « Alfred » et un « Edouard ». Je ne crois pas que s’y trouve Guillaume Pierre Toupet, bourgmestre de Givet dans les années 1770 ; ni son fils Dominique Pierre Toupet des Vignes, né en 1748, colonel de la Garde nationale en 1790, député suppléant à l’Assemblée Législative, maire des deux Givet et Charlemont de novembre 1791 à août 1792. En revanche, il est probable que reposent là son petit-fils Pierre Victoire, mort en 1847, officier au fort et bâtisseur du château de Monbijou en 1822 ; et son arrière-petit-fils Dominique Alfred, capitaine au 11e régiment des chasseurs, chevalier de la légion d’honneur, décédé le 28 août 1864 au 6 de l’actuelle rue Thiers. Surtout, il est à peu près sûr que s’y trouvent les restes de son deuxième arrière-petit-fils, Edmond Edouard Ernest qui fut un ardent défenseur du régime républicain !
Né à Givet le 6 septembre 1816, il fut commandant de la garde nationale lors de la révolution de février 1848 au cours de laquelle il côtoya Lamartine, puis député des Ardennes à la Constituante, avant d’être réélu à l’Assemblée législative. Après s’être retiré à Givet pendant le Second Empire, il fut à nouveau élu en 1871 à l’Assemblée nationale, dont il devint le questeur, et vota les lois constitutionnelles de 1875 qui furent adoptées à une seule voix de majorité (la sienne, peut-être ?) et qui donnèrent naissance à la 3ème République. Puis, il fut désigné sénateur en 1876 et vota jusqu’à sa mort en 1882 avec le centre gauche. A ses funérailles, aux côtés du maire de l’époque Charles Victor Baux étaient présents beaucoup de représentants des deux chambres. Pourtant, les municipalités récentes n’ont pas jugé bon d’entretenir sa tombe ni d’inaugurer une rue Toupet des Vignes ! Un oubli particulièrement regrettable qui peut toutefois être encore réparé en restaurant dignement sa tombe et en faisant connaître son œuvre au grand public…
16 commentaires:
Toupet Des Vignes, traitre à la révolution ! ennemi juré de Delecolle . Toupet des vignes, crapule sans nom que sa tombe soit à tout jamais détruite !
Cartiaux Michel
Quant aux autres religieux, frères et soeurs des ténébres anti progressiste, ennemi de la république Sociale et chantres de la bourgeoisie et de l'aristocratie, que leurs tombes disparaissent aussi . C'est un scandale de dépenser un centime de la république pour restaurer de tels symbole de l'obscurantisme !
Cartiaux Michel du Parti de gauche et pas à la droite d'un Dieu imaginaire ! Le parti de Gauche ne peut en aucun cas prendre la defense de Toupet des Vignes, le contre -révolutionnaire et de religieux, suppots de la société bourgeoise inhumaine du 18 ou 19 eme siècle !
A BAS LA CALOTTE !
Le traître à la révolution est Dominique Pierre Toupet des Vignes, qui n'est pas enterré à Givet puisqu'il est mort à Charleville en 1809 ! Mais cela n'enlève rien aux qualités éminentes de son descendant, Edmond Edouard Ernest, que l'on peut considérer comme l'un des fondateurs de la République en France puisqu'il a voté les lois constitutionnelles de 1875 qui ont créé ce régime et qui ont été adoptées à une seule toute petite voix de majorité. Avec un peu de chauvinisme, on pourrait aller jusqu'à dire que c'est SA voix qui a fait la différence... Laurent Bouvier
Quant à prendre le parti des religieux qui ont officié à Givet, ce n'est effectivement pas concevable ! C'est pour cela qu'il vaudrait mieux restaurer la tombe d'une victime de la religion (cette pauvre femme enfermée à vie dans un couvent) que celle de l'un de ses tortionnaires. On pourrait même aller jusqu'à mettre une petite notice explicative à côté de sa tombe pour éclairer nos contemporains sur son triste sort... Laurent Bouvier
Tous chantres d'une république Bourgeoise !
A mettre dans le même sac !
A bas la calotte et le Bourgeois pseudo révolutionnaire qui me fait marrer !
TOUS SUPPOTS D'UNE REPUBLIQUE BOURGEOISE INDEFENDABLE ! TOUS ENNEMI DU PEUPLE ET APPARTENANT A CETTE RACE QUI POUSSA ROBESPIERRE A L ECHAFAUD !!! INDEFENDABLE BOURGEOISIE GIVETOISE EXPLOITANT LE PROLETARIAT. AUCUN RESPECT POUR EUX ! LES SEULES TOMBES A RESPECTER SONT CELLES DISPARUES DEPUIS LONGTEMPS APPARTENANT AUX GENS DU PEUPLES QUI BIEN SOUVENT N'ONT MËME PAS DE PIERRE TOMBALE, JUSTE UN CARRE DE TERRE RETOURNE DEPUIS BIEN LONGTEMPS DANS L'INDIFFERENCE TOTALE. ENTREZTENEZ LES FOSSES COMMUNES, ON Y TROUVE DES GENS DE BIEN MEILLEUR QUALITE... ET C'EST PAS MOZART QUI ME DEMENTIRA!
SALUT ET FRATERNITE !!
Cartiaux Michel
Que Edmond Edouard Ernest Toupet des Vignes ait été un bourgeois, cela ne fait aucun doute, tout comme Karl Marx d'ailleurs l'a été ! Qu'il n'ait pas été un révolutionnaire avec un "couteau entre les dents" pour reprendre la rhétorique d'une certaine propagande, c'est aussi une réalité indiscutable. Mais il faut tout de même lui reconnaître le mérite d'avoir été un vrai républicain et d'avoir contribué à la mise en place d'un régime dont on bénéficie encore aujourd'hui. Un régime imparfait, certes, mais qui a permis cependant la liberté d'expression dont on ne saurait se passer aujourd'hui... Laurent Bouvier
Allons Michel, le peuple a toujours besoin d'étudier ses ennemis, d'autant que vraiment il y a pire que le second Toupet... Mais je n'oublie pas les actes d'état-civil comme celui du 16 juin 1845, fait à Givet.
"Le 15, à quatre heures du soir, un individu connu sous le nom de Joseph Ernould, âgé d’environ quinze ans, mendiant, résidant momentanément à Givet, rue Notre Dame, numéro 52, originaire des environs de Rochefort (Belgique), fils de père et mère inconnus, est décédé sur les lesses de la Meuse, près le fort de Rome, sis à Givet Saint-Hilaire"... Et je ne te parle pas des ouvrières filles-mères, pipières ou couturières. Simplement, comme on a moins écrit sur les pauvres gens, il faut plus de temps pour faire des recherches dessus. Mais j'y pense.
Edouard Toupet artisan de la mise en place de la république de ce gros porc de Thiers si je comprends bien réprimant la commune ,les mouvements syndicaux et assassinant Jaurès. Effectivement on ne l'oubliera pas !
Cartiaux M
@ Cartiaux. Allons, camarade, nous sommes tous des bons bougres et des communards ici, nous allons à tous les métingues ! Comme ce cher Pipe-en-Bois, qui donna naissance à un maire de Givet... hélas nettement plus à droite que lui.
Je n'ai jamais dit que la IIIe République était préférable à la Sociale. Et je n'ai pas oublié où se trouvent le mur des fédérés et les fosses de Satory. Reste que les Toupet étaient des seconds couteaux : si tu veux débaptiser la rue Thiers de Givet, et la changer en rue Delecolle ou en avenue Massieu, à la bonne heure !!! Ca fait dix ans que j'y pense.
http://www.youtube.com/watch?v=eEDKwLOpIR4
L'histoire est une discipline qui ne supporte pas les approximations chronologiques ! Que Thiers ait été un gros porc, soit, mais sa république qui n'avait de république que le nom a cessé en 1873. Elle a été suivie par une période dite de "l'ordre moral" au cours de laquelle les monarchistes qui disposaient de tous les leviers du pouvoir ont essayé de rétablir la royauté. Une tentative à laquelle ont mis fin les lois constitutionnelles de 1875 qui ont été votées par Edmond Edouard Ernest Toupet des Vignes et qui ont créé la IIIème République, celle des lois scolaires de Jules Ferry, de la légalisation des syndicats (1884), de celle du divorce et j'en passe...Laurent Bouvier
La discipline historique (elle a bon dos) ne prend pas en compte que ce sont les VERSAILLAIS qui restèrent au pouvoir et que si Thiers et ses complices n'avaient pas saigner le peuple de Paris à blanc, jamais les royalistes n'auraient eu un boulevard (sans barricades) pour relever la tête qui malheureusement avait échappé à la guillotine. Ferry??? n'était il pas pour la politique colonialiste et ne voyait il pas en ces indigénes d'afrique des gens inférieurs aux Européens??? Que la république de Thiers stoppe en me fait doucement rigoler, on s'arrange pour prendre ses semblables et on perpetue la même politique ! Quelle na
îveté Laurent ou le refus derrière des belles phrases scolaires de dissimuler son erreur POLITIQUE ?
Boris:
Où tu es respecte la commune de Paris que Marx en bon bourgeois méprisa ou tu honore la mémoire de ces seconds couteaux de Versaillais ( Toupet des vignes) qui se sont certainement cotisés pour édifier ce monument puant à détruire qu'est le sacré-coeur ! On ne peut pas honorer la mémoire de toupet des vignes sans salir la commune de PAris et le mouvement ouvrier.
M.Cartiaux
Ceci est ma dernière intervention car je n'ai jamais cru qu'il fallait avoir le dernier mot que pour avoir raison.
Quant à moi, j'avais déjà officiellement demandé le changement de nom de la rue Thiers à Vireux à la mairie avec distribution de tracts pour sensibiliser la population...en VAIN !
Salut et Fraternité
M.Cartiaux
Puisque tu oses parler d'erreur politique, une remarque en passant : en dessous du logo du Parti de Gauche figurent trois mots qui sont "écologie, socialisme, république" ! Tu as bien lu, il est écrit REPUBLIQUE et non pas REVOLUTION. D'ailleurs, si tu as bien compris les allocutions qui ont été prononcées le 05 mai, l'objectif POLITIQUE du Parti de Gauche est la fondation d'une 6ème République...
Quant à mes belles phrases scolaires comme tu l'écris, elles ne sont que le résultats de l'enseignement que m'ont dispensés mes maîtres qui étaient de purs produits de l'école républicaine. Un enseignement dont je suis fier et auquel je m'efforce de faire honneur !! Laurent Bouvier
Article tout à fait remarquable de Boris SPIRTA dont l'érudition est flamboyante tant les archives de Givet sont rares, méconnues ou dispersées. Il faut croire que les TOUPET n'étaient pas si mauvais car la mémoire des autorités givetoises du XXème siècle les ont totalement enterrés et oubliés.
Félicitations à l'auteur de ces lignes.
Merci du compliment ! Venant de l'autorité reconnue sur l'histoire de la Pointe, je ne peux qu'être flatté. Merci aussi à Laurent Bouvier qui a découvert l'affaire et pris les photos.
Comment un homme qui vota contre la démission de Thiers serait un mauvais homme, Monsieur Wallendorf ne pourra qu'honorer sa mémoire en restaurant au frais du contribuable la tombe d'Edouard Toupet.
Enregistrer un commentaire