Implantée le long de la Houille à Flohimont, un petit village rattaché administrativement à la commune de Fromelennes, l’usine KME est incontestablement un monument
de l’industrie de la Pointe. Par
son ancienneté d’abord puisqu’elle est la descendante lointaine d’un moulin à
blé converti en 1817 en laminoir avant que les frères Estivant, des industriels givetois, ne le rachète en 1841 et le spécialise dans
la fabrication d’objets divers en cuivre. Mais aussi par ses dimensions puisque
sur le site de 50
hectares qu’elle occupe, dont 8 sont couverts, on trouve
un bâtiment de tuberie industriel d’une longueur de 650 mètres, une
cheminée d’une hauteur de 82
mètres et un château d'eau d'une capacité de 500 mètres-cube . Sans oublier par son poids économique puisque, même
si elle ne joue plus dans la même catégorie que la centrale de Chooz, elle
emploie encore 290 salariés, ce qui en fait de loin le premier employeur privé
du canton.
Un établissement remarquable donc à tous points de vue, ce
qui n’a pas empêché son dernier propriétaire français, l’entreprise pourtant nationalisée
Péchiney, de le céder en 1987 à l’italien SMI qui est devenu en 1995, grâce à sa fusion
avec un groupe allemand, le 1er transformateur mondial de cuivre. De
quoi lui offrir de belles perspectives d’avenir, disait-on à l’époque ! Hélas,
la réalité a été bien différente puisque l’entreprise, désormais spécialisée
dans la fabrication de tubes industriels, pour la climatisation et la
réfrigération, de tubes sanitaires pour le bâtiment et de billettes pour sa
propre consommation mais aussi pour celle des usines de Niederbrück en Alsace
et de Kirley en Angleterre, a connu de très sérieuses difficultés en 2002 et en
2005 qui l’ont contraint à procéder à plusieurs vagues de licenciements. Toutefois, cette mauvaise passe a été utilisée pour mettre en
place un nouveau mode de management basé non plus sur le "directif" mais sur le "participatif ".
Une originalité efficace qui a permis à
l’usine d’être considérée par ses propriétaires comme un site d’avenir. Ils y
ont donc investi plus de 5 millions d’euros entre 2006 et 2008 en y implantant
notamment, respect des normes environnementales oblige, un nouveau dépoussiéreur
et un système de filtration de l’eau de refroidissement chargée en noir de
carbone. Le début d’un nouvel âge d’or ? Hélas non puisque la crise
économique a entraîné dès 2009 une baisse de la production d’environ 30 %,
obligeant l’entreprise à recourir au chômage partiel. Puis, la situation ne s'améliorant pas, elle s'est efforcée de réduire ses
coûts fixes en centralisant toute la production sur un seul atelier au lieu des
2 existants, avec au passage une grosse quarantaine de départs plus ou moins volontaires et
de mesures d’âge pour la plupart très appréciées des salariés se trouvant à quelques années seulement de la retraite.
Des mesures visiblement insuffisantes étant donné que 12
suppressions d’emploi viennent d’être annoncées, essentiellement parmi le
personnel administratif. D’après la direction, cette nouvelle diminution des
effectifs se ferait encore sans licenciement sec. Soit ! Mais pour le PG/La Pointe , même si la méthode
utilisée est humainement acceptable, elle n’en conduira pas moins à faire encore
baisser l’emploi salarié dans la
Pointe , qui n’avait pas besoin de ce mauvais coup après les
fermetures récentes de la Sopal et du CEC et le choc provoqué par l’annonce de la fermeture
programmée de l’usine Electrolux à Revin. D’ailleurs, les similitudes avec la
descente aux enfers de ce dernier site (baisse continue et forte des effectifs
sur le long terme, mise en place récente d’un plan pour se séparer des salariés
les plus âgés, délocalisation du service des achats, affaiblissement de
fonctions stratégiques comme le bureau d’étude à Electrolux et le laboratoire à
KME) doivent amener toutes les parties prenantes à la plus grande vigilance sur l'avenir de l’usine dont
la pérennité à long terme ne semble plus être aujourd’hui garantie...
Laurent Bouvier
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