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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

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samedi 3 novembre 2012

KME : un fleuron industriel en grand danger !


Implantée le long de la Houille à Flohimont, un petit village rattaché administrativement à la commune de Fromelennes, l’usine KME est incontestablement un monument de l’industrie de la Pointe. Par son ancienneté d’abord puisqu’elle est la descendante lointaine d’un moulin à blé converti en 1817 en laminoir avant que les frères Estivant, des industriels givetois, ne le rachète en 1841 et le spécialise dans la fabrication d’objets divers en cuivre. Mais aussi par ses dimensions puisque sur le site de 50 hectares qu’elle occupe, dont 8 sont couverts, on trouve un bâtiment de tuberie industriel d’une longueur de 650 mètresune cheminée d’une hauteur de 82 mètres et un château d'eau d'une capacité de 500 mètres-cube. Sans oublier par son poids économique puisque, même si elle ne joue plus dans la même catégorie que la centrale de Chooz, elle emploie encore 290 salariés, ce qui en fait de loin le premier employeur privé du canton.

Un établissement remarquable donc à tous points de vue, ce qui n’a pas empêché son dernier propriétaire français, l’entreprise pourtant nationalisée Péchiney, de le céder en 1987 à l’italien SMI qui est devenu en 1995, grâce à sa fusion avec un groupe allemand, le 1er transformateur mondial de cuivre. De quoi lui offrir de belles perspectives d’avenir, disait-on à l’époque ! Hélas, la réalité a été bien différente puisque l’entreprise, désormais spécialisée dans la fabrication de tubes industriels, pour la climatisation et la réfrigération, de tubes sanitaires pour le bâtiment et de billettes pour sa propre consommation mais aussi pour celle des usines de Niederbrück en Alsace et de Kirley en Angleterre, a connu de très sérieuses difficultés en 2002 et en 2005 qui l’ont contraint à procéder à plusieurs vagues de licenciements. Toutefois, cette mauvaise passe a été utilisée pour mettre en place un nouveau mode de management basé non plus sur le "directif" mais sur le "participatif ". 

Une originalité efficace qui a permis à l’usine d’être considérée par ses propriétaires comme un site d’avenir. Ils y ont donc investi plus de 5 millions d’euros entre 2006 et 2008 en y implantant notamment, respect des normes environnementales oblige, un nouveau dépoussiéreur et un système de filtration de l’eau de refroidissement chargée en noir de carbone. Le début d’un nouvel âge d’or ? Hélas non puisque la crise économique a entraîné dès 2009 une baisse de la production d’environ 30 %, obligeant l’entreprise à recourir au chômage partiel. Puis, la situation ne s'améliorant pas, elle s'est efforcée de réduire ses coûts fixes en centralisant toute la production sur un seul atelier au lieu des 2 existants, avec au passage une grosse quarantaine de départs plus ou moins volontaires et de mesures d’âge pour la plupart très appréciées des salariés se trouvant à quelques années seulement de la retraite.

Des mesures visiblement insuffisantes étant donné que 12 suppressions d’emploi viennent d’être annoncées, essentiellement parmi le personnel administratif. D’après la direction, cette nouvelle diminution des effectifs se ferait encore sans licenciement sec. Soit ! Mais pour le PG/La Pointe, même si la méthode utilisée est humainement acceptable, elle n’en conduira pas moins à faire encore baisser l’emploi salarié dans la Pointe, qui n’avait pas besoin de ce mauvais coup après les fermetures récentes de la Sopal et du CEC et le choc provoqué par l’annonce de la fermeture programmée de l’usine Electrolux à Revin. D’ailleurs, les similitudes avec la descente aux enfers de ce dernier site (baisse continue et forte des effectifs sur le long terme, mise en place récente d’un plan pour se séparer des salariés les plus âgés, délocalisation du service des achats, affaiblissement de fonctions stratégiques comme le bureau d’étude à Electrolux et le laboratoire à KME) doivent amener toutes les parties prenantes à la plus grande vigilance sur l'avenir de l’usine dont la pérennité à long terme ne semble plus être aujourd’hui garantie...   

Laurent Bouvier

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