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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

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mardi 27 novembre 2012

Prostitution : le plus vieux débat du monde n'est pas fini !


Sujet difficile à aborder, puisqu’il relève de l’intime, la prostitution est pourtant bien une problématique impossible à écarter du débat public. Pour le Parti de Gauche qui souhaite "une société où chacun puisse vivre librement dans des conditions permettant son émancipation", la prostitution est incompatible avec un tel objectif. Il s’est donc prononcé dans son programme pour son abolition et a proposé plusieurs mesures pour éradiquer ce phénomène, parmi lesquelles la lutte contre la précarisation des femmes sur le marché du travail, la revalorisation des métiers féminisés, la traque des proxénètes et pourquoi pas la pénalisation des clients. Une position progressiste qui ne stigmatise pas les prostitué(e)s mais qui vise à garantir la dignité de la personne humaine et à en finir avec la marchandisation des corps qui, comme les biens culturels, ne sont pas de simples objets ! C’est pourquoi lorsque le PG/La Pointe a été contacté, comme bien d’autres organisations, par le Collectif National pour les Droits des Femmes afin de signer un texte appelant à une manifestation le 25 novembre 2012 contre les violences faites aux femmes, dont la prostitution, nous l’avons fait sans hésiter. Cela nous a valu de recevoir quelques jours après un long mail (en bon français, il faudrait dire un courriel) de la part du STRASS, le syndicat des travailleurs du sexe, que vous trouverez en intégralité ci-dessous. Il y expose les arguments habituels en faveur de la prostitution et se termine par une question précise dont la réponse se trouve dans le programme du Parti de Gauche. Il n’apporte donc rien de nouveau, mais il a le mérite d’exister et d’ouvrir le débat (et non pas les ébats) pour ceux qui sont intéressés par le sujet...  


"Vous avez signé l'appel du Collectif national pour les droits des femmes pour la manifestation du 25 novembre 2012 contre les violences faites aux femmes. Parmi les revendications de cet appel figure la revendication suivante : « pour la mise en oeuvre d'une véritable politique abolitionniste, reconnaissant donc la prostitution comme une violence, incluant une vraie réinsertion des personnes prostituées, l'abolition du délit de racolage, et une politique de responsabilisation, pénalisation du client. ». En tant que syndicat de travailleurSEs du sexe, nous ne pouvons qu'être en accord avec la revendication de l'abrogation du délit de racolage public, puisque nous nous battons depuis l'origine contre cette infraction. Nous nous opposons en revanche fermement à la volonté de pénaliser les clients des travailleurSEs du sexe, et ce à deux titres.

Nous estimons, en premier lieu, que la pénalisation des clients des travailleurSEs du sexe serait une violence faite aux travailleuses du sexe, et donc une violence faite aux femmes. Forts de l'expérience rapportée par nos collègues suédoises, nous savons que la pénalisation des clients des travailleurSEs du sexe serait une catastrophe pour les travailleuses du sexe, tant du point de vue de leur santé que de celui de leur sécurité. En ce qui concerne la santé des travailleurSEs du sexe, pénaliser leurs clients les éloignerait des structures de prévention, de soins et de dépistage. Cela rendrait également plus difficile pour elles d'imposer le port du préservatif. En ce qui concerne la sécurité des travailleurSEs du sexe, la pénalisation des clients donnerait aux forces de police le pouvoir de les contrôler davantage. Cela favoriserait l'exploitation des travailleurSEs du sexe, celles-ci ayant plus de difficultés à exercer leur activité et à défendre leurs droits. Il apparaît clairement que la pénalisation des clients des travailleurSEs du sexe aurait des conséquences catastrophiques et bien réelles pour elles. Le travail sexuel n'est pas en tant que tel une violence faite aux femmes : ce sont les conditions d'exercice de cette activité qui le sont. La pénalisation des clients des travailleurSEs du sexe ne ferait qu'empirer les conditions d'exercice du travail sexuel, et favoriserait donc la violence faite aux femmes que sont les travailleuses du sexe.

Nous estimons, en second lieu, que la lutte contre les travailleuses du sexe ne va pas dans le sens d'une lutte pour les droits de toutes les femmes. La pénalisation des clients reviendrait purement et simplement à interdire tout travail sexuel. Il convient ici de rappeler que la prohibition du travail sexuel serait dangereuse pour les libertés individuelles de tous, et plus particulièrement des femmes. La volonté de pénalisation des clients est le fruit d'une idéologie qui nie la parole des premières concernées : les travailleurSEs du sexe. Se fondant sur des arguments erronés, elle considère que le travail du sexe serait la vente de son corps, que cela serait contraire en soi à la dignité de la personne humaine et qu'il serait impossible de consentir à l'exercice du travail sexuel.Nous dénonçons cette approche qui s'inscrit dans une démarche paternaliste, quand bien même elle est portée par des femmes. La lutte pour les droits des femmes s'inscrit dans la volonté de reconnaître l'autonomie et la liberté des femmes. De nombreuses revendications de cet appel vont d'ailleurs dans ce sens. Ainsi, le fait que les femmes doivent pouvoir s'habiller comme elles le souhaitent sans craindre des agressions sexuelles, le fait que les femmes disposent de leur corps et ne doivent par conséquent pas subir des attouchements forcés, le fait qu'une femme doive pouvoir choisir son conjoint. Lutter pour les droits des femmes, c'est lutter pour que les femmes soient respectées et entendues. Pourtant, la volonté de pénaliser les clients ne va pas dans ce sens puisqu'elle nie la parole des travailleurSEs du sexe, qui se mobilisent depuis des mois contre. Elle nie aux femmes la possibilité de choisir leur activité. La liberté, l'autonomie, les droits des femmes ne seront pas atteints en excluant certaines catégories de personnes de la catégorie plus générale des femmes.

Le fait que vous ayez signé cet appel sans émettre de réserve nous conduit à vous poser la question suivante : votre organisation soutient-elle la pénalisation des clients des travailleurSEs du sexe ? Si tel n'est pas le cas, notamment au regard de ce que nous venons de vous exposer, il nous paraît important que vous le fassiez savoir au CNDF, par le biais d'une lettre ouverte par exemple, afin que celui-ci ne puisse pas se prévaloir de votre signature sur ce point.

En vous remerciant de l'attention portée à ce courrier et dans l'attente d'un retour de votre part afin de connaître votre position, nous prions d'agréer, Madame, Monsieur, nos sincères salutations".

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