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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

vendredi 16 novembre 2012

Quand j’entends le mot culture, je sors mon vieux bréviaire…


Chacun sait que le maire de Givet est attaché à ses deux églises, autant voire plus que celui de Colombey : sur le site internet communal, elles représentent une bonne moitié de la page "Art et culture". Claude Wallendorff vient d’ailleurs de faire restaurer la chapelle de Walcourt et de participer à sa bénédiction par un beau discours, à défaut de l’ouvrir au public ou d’y faire donner les œuvres du très républicain Méhul. C’est très bien, mais cela suffit-il ? Il est permis de penser que les atouts de Givet, ville industrielle et membre essentiel du Pré carré de Vauban, vont au-delà de sa paroisse. Les richesses existent, mais elles restent largement virtuelles, car ni le passé ouvrier, ni l’unité architecturale du centre-ville, ne sont réellement exploités. A une ou deux exceptions près, la commune a été gérée par la droite depuis 1800. On conçoit aisément que la bourgeoisie locale ne se soit pas souciée de la culture de sa main d’œuvre ; mais elle n’a même pas su valoriser une architecture civile et militaire que les Ardennais ont bâtie de leurs mains…

Pourtant, si l’on en juge par le récent classement du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au Patrimoine mondial de l’UNESCO, il est possible de faire honneur à la mémoire du monde ouvrier. Pour prendre un exemple plus modeste, la mairie communiste de Gennevilliers a placé sur le site des anciennes usines de la commune des panneaux récapitulant leur histoire. Or, la Pointe a connu de nombreuses industries et des mouvements sociaux notables, de la grève des métallos de Fromelennes en 1904 à celle des Cellatex en 2000 en passant par les luttes de La Chiers. La municipalité de Givet a préféré ignorer ce genre de réalités. C'est regrettable, mais nos édiles locaux ont tout de même quelques réalisations à leur actif : le Manège est un bel aménagement, qui vient d’ailleurs de passer au numérique ; il y a aussi un point internet et une bibliothèque ; récemment encore, le Festi’meuse et la Foire aux oignons ont attiré du monde contrairement à l’exposition d’art contemporain des Récollectines qui a fait un flop. Quant aux Journées du Patrimoine, elles ont permis pendant deux jours de cacher la misère du reste de l’année. Somme toute, on peut reprocher aux municipalités qui se sont succédé depuis la démocratisation de l’Etat culturel -  legs de la gauche en 1981 - de ne pas avoir fait de réel choix politique dans ce domaine et de ne pas avoir utilisé des richesses que beaucoup de communes nous envieraient si elles étaient médiatisées. Subventionner le travail souvent remarquable des associations ne saurait constituer une excuse à l’inactivité…

A l’échelle de la Communauté de communes, il est bien dommage qu’on n’ait pas créé non plus d’équipements culturels dignes de ce nom – ce qu’il est pourtant tout à fait possible de faire avec un peu d’astuce, par exemple en ouvrant une bibliothèque moderne et ouverte sur son environnement, et qui serait aussi un lieu d’information juridique et social. Il est encore plus regrettable qu’il n’y ait pas dans la Pointe de musée d’histoire locale, ni de circuit patrimonial. Que la coopération culturelle avec la Belgique soit restée lettre morte, faute d’avoir pu intéresser nos voisins à un projet sérieux, sur la langue wallonne par exemple. Qu’on n’ait pas encore produit quelques idées réellement novatrices d’aménagement du fort Condé – pas des réalisations, ne rêvons pas, mais au moins des directions crédibles. Ou encore qu'on n'ait pas jugé utile de mettre une borne bien faite expliquant au touriste ce qu’il voit à Charlemont (3000 euros pièce si l’on ne cherche pas un designer parisien…), avant de l’illuminer la nuit pour cent fois plus cher. Et tant qu’à faire, on aurait pu songer à en mettre une autre devant la maison natale de Méhul

A tout cela, Claude Wallendorff et ses collègues de droite ont certainement pensé, mais il semble que le temps leur ait manqué. Ils ont donc échoué à valoriser le patrimoine pour attirer le touriste, comme à rompre avec une culture élitiste de prestige, détachée des préoccupations des gens. La crise économique ne saurait constituer une excuse : le mandat de ces maires a souvent commencé avant, et en cette matière, il est possible de faire beaucoup avec de l’huile de coude, de l’entregent et un peu de modestie. Mais c’est aussi une question de prédisposition : si vous voulez toucher du doigt ce que j’entends par culture populaire, plutôt que d’aller sur le site du Lions Club, visitez donc le blog de Vireux-Rive-Gauche !

Boris Spirta

1 commentaire:

pointu a dit…

clair, net et sans bavure voici une analyse parfaite d"une des situations que nous connaissons dans la pointe et en plus un texte d'une grande qualité