Quel point commun y a-t-il entre un cardinal, ce haut prélat
de l’Eglise catholique chargé d’élire le Pape et de l’assister dans ses
fonctions, et un communard, c’est-à-dire une personne qui a participé en 1871 à
ce grand épisode révolutionnaire qu’a été la Commune de Paris ? A priori aucun ! Et
pourtant, en cherchant un peu, on peut tout de même en trouver un puisque ces
deux termes désignent la même boisson : un apéritif constitué, d’après les
puristes, de très exactement 9 cl de vin rouge (de préférence du Bourgogne) et
de 2 cl de crème de cassis. Un mélange bien connu de l’un des piliers du PG La Pointe (le pot pilier
s’entendant ici comme un élément solide sur lequel on peut compter et non pas
comme un habitué des débits de boisson !) qu’il convient, bien sûr, de
consommer comme lui avec modération. Un mélange que nous avons toujours préféré
appeler, du fait de notre solide ancrage à gauche, un communard afin de
maintenir vivant le souvenir de ces révolutionnaires qui avaient eu le courage,
entre autres, de suspendre le versement des dettes des plus pauvres, de
réquisitionner les logements vacants, de séparer les Eglises et l’Etat ou
encore de reconnaître l’union libre, et qui sont tombés par dizaines de
milliers sous les balles des troupes dirigées par l’infâme Adolphe (il y a des
prénoms comme ça qui, hélas, penchent du mauvais côté de l’histoire) Thiers qui
possède malgré cette ignominie une rue à son nom dans le centre-ville de Givet.
Et parmi
ces avant-gardistes qui se sont souvent comportés en héros, s’il y en avait un
seul à retenir, notre choix se porterait sur Jean-Baptiste Clément.
Pourquoi ? D’abord parce que, après avoir été libéré de la prison où il
croupissait pour avoir édité un journal non cautionné par l’empereur, il a joué
un rôle important dans la
Commune , notamment en tant que délégué à la fabrication des
munitions puis à la commission de l’enseignement. Ensuite parce qu’il s’est
beaucoup intéressé à notre département, au point d’y avoir fondé en 1885 un
cercle d’études socialiste à Charleville, L’Etincelle, puis d’avoir mis sur
pied la Fédération
socialiste des Ardennes. Enfin, parce que, en plus d’avoir écrit cette chanson
d’anthologie qu’est Le temps des cerises, il est l’auteur d’une autre chanson,
aussi engagée que poignante, qui s’intitule La semaine sanglante - dans
laquelle il dénonce le massacre de près de 30.000 personnes de tous âges et de
tous sexes qui ont été fusillées sans le moindre jugement entre le 22 et le 29
mai 1871 – qui a fait l’objet de nombreuses reprises, dont une par Francesca
Solleville que vous pouvez écouter sur l’enregistrement ci-dessous...
Laurent Bouvier
Sauf des mouchards et des gendarmes,
On ne voit plus par les chemins,
Que des vieillards tristes en larmes,
Des veuves et des orphelins.
Paris suinte la misère,
Les heureux mêmes sont tremblants.
La mode est aux conseils de guerre,
Et les pavés sont tous sanglants.
- Refrain :
Oui mais !
Ça branle dans le manche,
Les mauvais jours finiront.
Et gare ! à la revanche
Quand tous les pauvres sy mettront.
Quand tous les pauvres sy mettront.
On traque, on enchaîne, on fusille
Tout ceux quon ramasse au hasard.
La mère à côté de sa fille,
L'enfant dans les bras du vieillard.
Les châtiments du drapeau rouge
Sont remplacés par la terreur
De tous les chenapans de bouges,
Valets de rois et dempereurs.
- Refrain -
Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.
- Refrain -
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé ?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé ?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail ?
À quand enfin la
République
- Refrain -
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