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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

samedi 22 décembre 2012

Et si on parlait de la pauvreté à Givet...


Beaucoup de gens ont en tête que Givet est une ville riche ! Ils ont tort puisque, d’après une enquête réalisée par un site indépendant à partir des très sérieuses statistiques fiscales du Ministère des Finances et d’autres données fournies par l’INSEE, le niveau de vie par unité de consommation (un indicateur qui prend en compte à la fois les revenus des ménages et le nombre des personnes qui les constituent) ne s’y élève qu’à 1.271 euros par mois. Certes, c’est plus qu’à Sedan (1.052 euros), Fumay (1.128 euros) et Revin (1.156 euros), mais c’est moins par exemple qu’à Rocroi (1.283 euros), Monthermé (1.298 euros) ou encore Les Hautes Rivières (1.352 euros). Surtout, c’est 6 % de moins que dans les Ardennes, 14 % de moins qu’en Champagne-Ardenne (1.479 euros) et même 18,6 % de moins qu’en France métropolitaine (1.562 euros). La situation n'est donc pas reluisante dans la cité de Méhul qui n’occupe que la peu enviable 27.580ème place sur les 36.717 communes françaises. D'autant que derrière ce chiffre moyen se cachent des disparités fortes, avec une pauvreté de plus en plus marquée ! Pour nous en parler, nous nous sommes adressés à Claudine Divry qui a bien voulu répondre, avec la franchise qui la caractérise, à nos questions.

Madame Divry, vous êtes bien connue pour votre implication à Givet dans l’aide aux personnes les plus défavorisées. Pourriez-vous nous décrire votre parcours ?
J’ai effectué une carrière professionnelle dans l’armée, dans les Services d’Etat-Major, où j’ai gravi les différents grades de sous-officier jusqu’à celui d’adjudant-chef. En 1992, à la retraite de mon mari originaire de Chooz, nous nous sommes installés à Givet. N’étant pas d’un tempérament casanier, je me suis rapidement investie dans la vie sociale de la commune. D’abord en participant à la chorale paroissiale et à la chorale Méhul, puis en étant élue conseillère municipale en 1995. Lors de ce mandat, j’ai beaucoup appris, m’intéressant plus à l’aspect social de la fonction qu’à son côté politique. C’est ce qui m’a amené à prendre pendant 6 ans la tête de l’antenne givetoise du Secours Catholique où je me suis efforcée, entourée de bénévoles, d’accueillir et d’écouter tout en aidant matériellement grâce au partenariat avec les structures officielles tout ceux qui en avaient besoin. Avec une règle de conduite : ne pas juger et toujours agir sans parti pris !

Tout au long de vos actions, quelles évolutions avez-vous pu remarquer dans la pauvreté à Givet ? Comment le Secours Catholique y-a-t-il fait face ?
Parmi les évolutions, la principale est que de plus en plus de jeunes, filles ou garçons, frappent à la porte du Secours Catholique. Pourquoi ? Certainement à cause de l’incompréhension qu’ils vivent avec leurs parents. Les techniques nouvelles ne permettent pas aux anciens, comme moi, d’assimiler les découvertes apportées par les nouveaux jeux, tablettes numériques, téléphones qui sont complexes à utiliser. Alors, un ras-le-bol s’installe, aussi bien côté parents que jeunes. Soit les parents les mettent à la porte ou le jeune part de son plein gré. C’est le début de l’errance avec tous les dangers que cela comporte.
Le Secours Catholique n’ayant aucun pouvoir administratif, nous les aidons en les dirigeant soit vers le CCAS, le CMS, Pôle Emploi, le Centre Social. Nous essayons aussi de donner une aide financière sous forme d’un bon d’achat, valable pour les aliments et les produits d’hygiène, ou en réglant des factures de loyer ou d’électricité. Nous les adressons aussi aux Restos du cœur ou à Saint-Vincent-de-Paul qui complètent notre aide en leur permettant de tenir quelques temps.

Quel est le meilleur souvenir que vous gardez de ces nombreuses années d’engagement dans la lutte contre la pauvreté ?
Celui d’avoir aidé deux personnes, pourtant en grande difficulté, à reprendre un départ dans la vie. De plus, je conserve toujours de très bons contacts avec les personnes que j’ai rencontrées durant mes années de responsable de l’antenne locale du Secours Catholique.

Et le pire souvenir que vous gardez ?
Celui de la fermeture récente de notre antenne à une période où le besoin est très important, le début de la période de froid et l’approche des fêtes de fin d’année. Ne pas avoir pu faire le « Noël 2012 » pour les familles rencontrées reste un véritable échec dans ma mission d’aide aux plus démunis. J’espère la réouverture prochaine de l’antenne locale. Givet en a besoin.

Quelles sont les autres structures qui viennent en aide aux personnes défavorisées à Givet ? Sont-elles complémentaires ou concurrentes du Secours Catholique ?
Depuis la fermeture il y a déjà pas mal d’années de l’antenne du Secours Populaire, il y a le CCAS qui dépend de la mairie, le CMS devenu Maison des Solidarités, les Restos du cœur, l’association Saint-Vincent-de-Paul et, depuis un an, Emmaüs. Certains pourraient croire que nous somme un peu concurrents, mais en réalité nous avons de bons rapports. Nous somme tous partenaire dans cette lutte de tous les instants pour aider et redonner un peu d’espoirs aux plus démunis.  
(propos recueillis par Laurent Bouvier le 18 décembre 2012)

2 commentaires:

Marc Denoyer a dit…

Sans les pauvres, on ne peut pas parler des riches. Dans tous les coins du monde, même ceux qui sont considérés les plus riches, il y a toujours des pauvres, mais en minorité dans ce dernier cas. C'est l'essence même du capitalisme en fait. Donc, il n'y a pas de quoi s'étonner.

Vigilant pour l'avenir de la Pointe a dit…

C'est parfaitement vrai ! Sans pauvreté, il n'y a pas de riches et vice-versa. Il ne s'agit donc pas de s'étonner, mais simplement de remarquer l'existence d'une réalité que l'on s'efforce de cacher dans une ville où on cherche à tout prix à présenter une façade rutilante...