Le ministre du Travail a annoncé dimanche que la hausse du
Smic au 1er janvier ne comporterait pas de coup de pouce et se limiterait à la
revalorisation automatique - environ 3 centimes de plus par heure -, le
gouvernement renonçant par ailleurs à l'indexer sur la croissance. "Il y a des règles qui s'appliquent de manière
automatique, il sera revalorisé en fonction des critères", a affirmé
Michel Sapin lors du Grand rendez-vous Europe 1/iTélé/Le Parisien, rappelant
qu'un "coup de pouce a déjà été accordé au mois de juillet" aux
quelque 2,6 millions de salariés rémunérés au Smic (+2%, dont 1,4% au titre de
l'inflation, et 0,6% de bonus). "L'anticipation a permis aux salariés de gagner plus
pendant toute la deuxième partie de l'année", "l'engagement de la
campagne a été tenu", a-t-il estimé. Selon un expert, la hausse, qui sera officiellement annoncée
aux partenaires sociaux lundi, devrait donc se limiter à environ +0,3%, soit 3
centimes de plus par heure travaillée (9,40 euros aujourd'hui). Fortement déçus au début de l'été, FO et la CGT avaient appelé de nouveau
à une hausse "significative", pour porter le Smic à 1.700 euros
bruts, contre actuellement 1.425,67 euros bruts mensuels pour 35 heures
hebdomadaires.
M. Sapin a par ailleurs déclaré que la réforme du mode de
calcul du salaire minimum, qui doit aussi être dévoilée lundi, ne comporterait
pas d'indexation sur la croissance, contrairement à ce que le Premier Ministre
Jean-Marc Ayrault avait annoncé en juillet, reprenant une idée de François
Hollande. "Aujourd'hui, ça n'aurait pas beaucoup de sens de
vouloir indexer sur la croissance", a lancé le ministre. "Par contre, le jour venu, avec une croissance plus
forte, il sera évidemment nécessaire que l'augmentation du Smic permette aux
smicards aussi de participer aux fruits de la croissance", a-t-il
toutefois ajouté. Depuis 1970, le Smic est recalculé chaque année pour suivre
l'évolution des prix à la consommation et celle du pouvoir d'achat du salaire
horaire de base ouvrier (SHBO), un mécanisme automatique auquel le gouvernement
peut choisir d'ajouter un coup de pouce supplémentaire. Début décembre, après que le groupe d'experts sur le Smic
s'est opposé dans son rapport à une indexation du Smic sur l'évolution du PIB,
on reconnaissait déjà au ministère du Travail "beaucoup
d'inconvénients", "notamment sa volatilité", à cet indicateur
"susceptible d'être révisé pendant trois années", selon les
économistes.
Les pistes retenues consisteraient donc plutôt à affiner les
deux piliers sur lesquels s'appuie la revalorisation annuelle: l'indice des
prix et le salaire horaire de base ouvrier. "On doit tenir compte de l'inflation. Or l'inflation
pour ceux qui gagnent très peu n'est pas forcément la même que pour ceux qui
gagnent beaucoup, il sera proposé de modifier cela", a affirmé le ministre
du Travail. Le gouvernement serait tenté par un nouvel indice, élargi,
"qui refléterait mieux l'évolution du coût de la vie et la consommation
des ménages plus modestes", l'obstacle étant que ce dernier resterait à
construire. Quant au salaire horaire de base ouvrier, jugé désuet (entre
1980 et 2008, la part des ouvriers est passée de plus de 40% à 22% dans
l'emploi salarié), l'exécutif pourrait lui préférer un nouvel indicateur, le
salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE), suivant ainsi les
préconisations de Gilbert Cette et Etienne Wasmer, membres du groupe d'experts. Si ces deux hypothèses sont retenues, le changement in fine
sera "marginal" selon un économiste.
(dépêche AFP, 16 décembre)
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