Depuis un petit mois que
le Préfet des Ardennes, Pierre N’Gahane, a modifié radicalement sur ordre la
carte de l’intercommunalité, les réactions souvent tranchées, mais hélas
presque toujours à l’emporte-pièce, se sont succédé. Pour les uns, convaincus
qu’ils sont – un peu hâtivement à mon sens – que la nouvelle grande
intercommunalité du nord des Ardennes sera majoritairement à gauche et tombera
nécessairement sous la coupe d’un hiérarque socialiste, cette nouvelle donne
est du pain béni qui mettra fin au système quasi féodal mis en place dans la
Pointe par quelques hobereaux bien connus de droite. La fin d’un monde en
quelque sorte, d’autant plus symbolique qu’elle a été actée le 21 décembre, qui
permettrait de "faire du passé table rase" comme on le chante dans
l’Internationale ! Pour les autres, inquiets de la précipitation avec
laquelle on a agi dans ce dossier aux retombées politiques et surtout
financières qui s’annoncent particulièrement lourdes, cette décision est un
déni de démocratie d’autant plus grave que toutes ses conséquences pour les
territoires concernés et leurs habitants n’ont pas fait l’objet d’une étude
préalable détaillée. Le pire de ce qui existe en terme de politique bassement
politicienne en somme, avec en guise d’intérêt général l’esprit revanchard et
la volonté de satisfaire quelques égo en mal d’une plus grande
reconnaissance !
Pour le commun des
habitants de la Pointe, il est donc difficile de s’y retrouver et de savoir qui
dit la vérité. Sans avoir le moins du monde la prétention de détenir cette
dernière, je crois que, comme c’est souvent le cas, elle se trouve entre les
deux positions développées. A égale distance ? Ce serait très
étonnant ! C’est pourquoi, afin de permettre à chacun de se faire son
propre jugement sur la situation financière actuelle des 17 communes qui
composent la communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, je vous propose de
consulter le tableau ci-dessous dans lequel figurent les recettes de chacune
des communes ainsi que le montant reversé par l’intercommunalité, l’encours de
leur dette ainsi que le montant de l’annuité à rembourser, et surtout le poids
de leur dette par rapport à leurs recettes de fonctionnement.
(pour une meilleure lecture du document, vous pouvez l'agrandir en faisant un clic gauche dessus)
Que faut-il en
retenir ? Les réponses seront à n’en pas douter différentes en fonction du
positionnement politique et du sens des
responsabilités des personnes à qui sera posée la question ! Mais
pour moi, les enseignements que l’on peut tirer de ces quelques chiffres sont
au nombre de deux. Le premier est que le
taux d’endettement global des 17 communes est très élevé puisqu’il s’élève à
137 % de leurs recettes de fonctionnement, avec 4 communes qui dépassent les
175 %, alors que ce même taux est de 70 % à Monthermé, de 81 % à Revin et de 113
% à Bogny-sur-Meuse. Un signe de mauvaise gestion ? Pas forcément, puisque
dans les cas de Givet et de Fumay, une partie des dettes contractées
s’expliquent par les frais de centralité que ces deux communes doivent assumer.
Quant au deuxième enseignement, c’est que ces dettes, pour très élevées
qu’elles peuvent parfois être, étaient
jusqu’à présent tout à fait supportables
puisque les reversements effectués par Ardenne Rives de Meuse permettaient d’y
faire face. Qu’en sera-t-il avec le partage des recettes fiscales générées
par la centrale de Chooz entre un nombre
beaucoup plus important de communes, dont certaines ne cachent pas leur
intention de croquer à pleines dents dans le gâteau ? Voilà une question
que certains préfèreraient garder sous le boisseau, mais qui n’est pas anodine
puisque la réponse qui y sera apportée impactera directement la feuille d’impôt
des habitants de la Pointe…
6 commentaires:
Vous êtes étrangement complaisant avec la gestion de certaines mairies qui ont surrendettée leurs contribuables pour un représentant du parti de gauche soit disant à la gauche de la pointe....Depenser sans compter, c'est gaspiller et quand on voit les dotations de certaines petites communes , elles ont de l'argent à ne pas quoi savoir en faire sans compter la décision à sarko de faire payer les communauté de commune jugées "riches" comme la notre pour reverser aux communes les plus démunies. cela devait coûter plus de 3 millions d'euros à ardenne rive de Mause. Votre analyse est réductrices aux seuls arguments plaidant sur le repli sur soi-même. ATTENDONS POUR VOIR ET SURTOUT RIEN NE SERT DE PLEURNICHER LA DECISION EST PRISE ET FAUDRA FAIRE AVEC ! Alors adaptons nous et oeuvrons à empêcher la nouvelle com com d'être dirigé par la droite qui bien que contre ne refuserait pas sa nouvelle présidence.... et vous aideriez vous la droite à l'obtenir?????
Un commentaire bien intéressant qui m'amène à apporter 4 précisions :
1)Si vous lisez avec attention ce petit article, vous verrez qu'il ne fait preuve d'aucune complaisance envers les dirigeants de droite ("hobereau" n'a jamais été un compliment, même avant 1789 !). Je ne suis pas de droite et je n'ai aucune intention de le devenir. Mais pour autant, je me refuse à faire dans le manichéisme et dans l'hémiplégie intellectuelle.
2)L'objectif de ce post était de rendre public des données chiffrées précises et incontestables puisqu'elles peuvent être vérifiées par qui le souhaite. C'est bien pour ça que j'ai précisé leurs sources. Ainsi, j'ai apporté ma modeste contribution pour que chacun puisse se faire un jugement plus étayé, plus raisonné, ce qui est la base de la démocratie !
3) La décision est prise, certes, mais cela n'empêche pas d'avoir un avis sur la façon dont elle l'a été. Que certains considèrent que le procédé ait été un exemple de bonne démocratie, je peux le comprendre, mais ce n'est pas mon avis. Mais, c'est comme tout, ça peut se discuter...
4)dernière chose et pas la moindre, ceux qui pensent que la grande interco du nord des Ardennes va passer à gauche vont à mon avis un peu vite en besogne ! Pour avoir fait quelques vérifications hier, je peux vous donner une information : sur 50 communes, 20 sont à gauche, 28 à droite et 3 votent à gauche mais sont dirigées par des maires de droite. Evidemment, il faut approfondir l'analyse pour qu'elle ne soit pas trop réductrice en affectant un nombre différent de délégués à chaque commune en fonction de leur population, mais en l'état la situation politique est à peu près équilibrée et bien malin qui peut dire quel camp dirigera l'interco à partir de 2014.
Félicitation, laurent pour ton analyse très objective de la situation avec arguments très sérieux à l'appui. Pour connaitre l'équilibre à la future assemblée , il faudrait non seulement comme tu l'as si bien fait déterminer celles dites de droite et de gauche mais aussi connaitre le nombre de représentants qui les représenteront. Affaire à suivre...
Pour essayer de savoir de quel côté pourrait pencher la future interco, je me suis livré à un petit calcul en prenant comme base les pratiques utilisées dans les grandes comcom des crêtes préardennaise et de l'Argonne ardennaise.
Si on part du principe que chaque commune de moins de 500 habitants
aurait 1 délégué, puis qu'il y aurait un délégué supplémentaire par tranche de 1.000 habitants en plus, on aurait, sur la base des populations légales en vigueur, les résultats suivants : 104 délégués ... dont 52 pour les communes de gauche (y compris dans ce chiffre les 3 de Vireux-Molhain qu'il faudrait donc reprendre des mains de son actuel dirigeant), 40 pour les communes de droite et 12 pour les communes de gauche apparemment bien tenues par des maires de droite.
Ce qui nous donne au total une égalité parfaite ! C'est dire l'importance que revêtront la fixation des seuils pour la détermination du nombre des délégués ainsi que le résultat des élections municipales de 2014. L'affaire est effectivement à suivre...
Réduire de 17 à 7 le nombre d'interco devrait réduire les frais de fonctionnement. Il n'est pas impossible dans le cadre de la maitrise des dépenses publiques, nous voyons comme prochaine étape le regroupement des communes entres elles en entités decommunes tout comme en Belgique faisant disparaitre un grand nombre de petites mairies, puisque localement elles ne cessent de se dépeupler... Cela ressemble plus à un retour à de la recentralisation qu'à la décentralisation mais c'est dans l'air du temps à tous les niveaux de la société . Si cela se justifie au niveau éconmique, une fois encore, cela rentre dans la restriction des services publics, l'éloignement des citoyens et un appauvrissement des services admninistratifs proposés à la population. Le monde rural se desertifie de plus en plus. Austérité et comptétitivité sont les deux mamelles de la France. Secteur public, secteur privé, même combat! Cette pseudo décentralisation ressemble plus à la mort du monde rural qu'à une juste répartition des services de l'état . L'état fuit les campagnes et les condamne à mort ! Pour en finir, la pseudo indignation de la droite locale me fait bien sourire car si elle en était pas le dindon de la farce, elle qui prone la compétitivité à outrance, et bien, cette même droite revendiquerait la paternité de ce changement. Les politicards de droite et socialistes semblent beaucoup plus interessés par leurs multiples postes' parfois cumulards) aux seins des interco que du bien-être de la population ! Regardez un peu; tous les élus de droite montant au créneau sont comme par hasard vice-président rémunérés de la comcom....et comme par hasard, tout se passe en se passant de l'avis des populations concernées. Encore un bel exemple de démocratie dans la lignée de l'ex-majorité UMP.
Je crois, Michel, que tu touches là le fond du problème ! Pour souhaitable qu'était la réforme de la carte de l'intercommunalité (17 pour les Ardennes, c'était trop), cette modification a été faite sans que les populations concernées n'aient été consultées directement. Et ceci est valable aussi bien pour la 1ère mouture que pour la deuxième ! un vrai déni de démocratie, qui n'est pas de bon augure pour l'avenir et qui cache effectivement une volonté de recentralisation...
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