Le comité de Bâle, régulateur mondial des banques, avait
décidé en 2010 de règles prudentielles dites Bâle III, pour renforcer la
résistance des banques en cas de nouveau krach. Il vient d’assouplir lesdites
mesures. Comme vous le savez, quand les banques prêtent de l’argent, elles n’ont pas cet
argent, elles le créent, par inscription en compte. Pour sécuriser la création
monétaire, elles doivent donc répondre à des règles concernant les ratios de
leur bilan, notamment le ratio de fonds propres qu’elles doivent garder en
réserve par rapport aux prêts consentis. Dans le projet Bâle III de 2010, les actifs « très liquides » retenus
pour le calcul du ratio étaient essentiellement composés des obligations
gouvernementales et des fonds déposés auprès des banques centrales.
Aujourd’hui, les régulateurs du comité de Bâle ont élargi la prise en compte
des fonds pertinents à certaines actions, aux obligations d’entreprises notées
au-delà de BBB- et à des titres adossés à des crédits hypothécaires
résidentiels très bien notés.
Initialement, en 2010, l’hypothèse de crise à laquelle les banques devraient
pouvoir résister pendant 30 jours, était que pendant ce temps, elles verraient
les particuliers réduire leurs dépôts de 5% et les entreprises clientes
actionner 100 % de leurs lignes de crédit. Dans la nouvelle version,
l’hypothèse est radoucie de 5 à 3% pour les particuliers et à 30 % pour les
entreprises. Selon les dispositions de 2010, la mise en conformité devait avoir lieu au plus
tard le 1er janvier 2015. Aujourd’hui, elle est reportée à 2019 ! Tout cela a pour but d’éviter la recapitalisation à hauteur de 1 800 milliards
d’euros supplémentaires en actifs “très liquides” qui aurait été nécessaire
pour satisfaire le ratio. Avec ces nouvelles dispositions, le gouverneur de la Banque centrale
d’Angleterre, Mervyn King, estime que la majeure partie des 200 plus
importantes banques du monde satisfont d’ores et déjà à la norme.
C’est dans ce cadre-là que nous pouvons comprendre la
propagande médiatique sur le discours sur la fin de la crise (l’euro est sauvé,
etc.) pour faire passer dans l’opinion la décision d’adoucir les exigences du
comité de Bâle. Dans le même registre du tout pipeau, on peut consulter la note de Gaël Giraud, ci-jointe, qui fait un point sur la
totale inanité du projet de réforme bancaire de Moscovici, censé tenir les
engagements de campagne de F. Hollande via la séparation bancaire. Les débats ne sont pas terminés, notamment sur la dépendance des banques sur
des emprunts à court terme. Mais ce que nous pouvons dire, c’est que le lobby
bancaire dicte sa loi au Comité de Bâle comme il dicte sa loi aux États et
qu’en conséquence tout va continuer de fonctionner comme avant la crise de
2007-2008. Rien ne freinera le prochain krach bancaire !
(ReSPUBLICA n° 707, chronique d’Evariste, 1er février
2013)
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