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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

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samedi 23 février 2013

Les salariés d'EDF dans le collimateur de la Cour des Comptes


"La cour des Comptes estime dans son rapport annuel publié que les salariés d'EDF, groupe contrôlé par l'Etat, bénéficient d'avantages et de salaires généreux, sans lien évident avec la performance de l'entreprise."Les salariés du groupe EDF, contrairement aux salariés du secteur privé, n'ont pas subi de ralentissement du rythme de progression de leur rémunération globale depuis 2008, en dépit des résultats contrastés d'EDF", estiment les magistrats, rappelant les performances moyennes ou mauvaises de nombreux paramètres financiers du groupe, comme le chiffre d'affaires, l'endettement ou la valeur de l'action. Les dirigeants sont aussi critiqués, la Cour jugeant leurs rémunérations "en forte augmentation jusque récemment". Elle pointe en outre les "nombreux avantages liés à l'emploi" pour les salariés, comme des tarifs avantageux ou des abonnements gratuits.
Les Sages formulent donc plusieurs recommandations, notamment de rendre plus ambitieux les objectifs donnant droit à une rémunération variable, ou encore de revenir sur certains avantages liés au tarif préférentiel d'électricité pour les agents. Dans ses réponses, le groupe estime que "la plupart" des avantages dont bénéficient ses salariés "ne sont pas si éloignés de ce qui se pratique ailleurs, dans d'autres entreprises françaises", et que l'augmentation des rémunérations des dirigeants a été nécessaire pour préserver les ressources humaines dans un contexte de concurrence.
La Cour s’intéresse aussi au système des concessions de distribution d'électricité à ERDF par les collectivités locales, un système "fragilisé" par les incertitudes quant au maintien du monopole d'ERDF dans la distribution et par l'augmentation des productions alternatives "décentralisées" à cause du développement des énergies renouvelables. Elle recommande de s'interroger sur "l'évolution du modèle de la distribution d'électricité", évoquant notamment "l'existence d'un fort besoin d'investissement", et critiquant la "coordination insuffisante" des investissements des collectivités territoriales."
(dépêche AFP, février 2013)

Dans un territoire comme le nôtre qui compte, du fait de la présence d’une centrale nucléaire, environ 750 agents EDF, cette dépêche publiée par l’AFP quelques jours avant que ne soit officiellement présenté le rapport annuel de la vénérable institution de la rue Cambon n’a pas pu passer inaperçue. Pourquoi ? Parce qu’au-delà des hausses globales de salaire et des rémunérations des principaux dirigeants, elle remet ouvertement en cause le tarif très avantageux de l’électricité pour les quelque 300.000 agents actifs et retraités d’EDF et GDF qui ne paient que 5 à 10 % du montant réel de leur consommation. Un avantage mis en place peu après la guerre, en 1946, à une époque où la main-d’œuvre se faisait excessivement rare et où il convenait donc de la fidéliser par tous les moyens, sur lequel on n’est jamais revenu depuis.

Pour les syndicats, ce tarif préférentiel est un acquis social destiné à compenser la faiblesse des salaires en début de carrière qui flirteraient avec le SMIC. Il est donc intouchable ! Mais pour le Trésor Public, il s’agit d’un véritable avantage en nature qui doit, depuis plusieurs années, être intégré dans la déclaration des revenus. Surtout, pour le reste de la population qui n’ignore pas que ce tarif préférentiel est valable à vie et applicable quel que soit le niveau de consommation du foyer dans sa résidence principale mais aussi dans son éventuelle résidence secondaire, ce n’est rien d’autre qu’un privilège d’autant plus insupportable qu’en cette période de crise économique son coût, estimé à 222 millions d’euros pour l’année 2010, est répercuté sur les factures des autres consommateurs. Quant aux écologistes, ils n’ont de cesse de faire remarquer que ce tarif est contraire à l’esprit du Grenelle de l’environnement puisque la consommation électrique est multipliée en moyenne par 3 dans les foyers qui en bénéficient. 

Le tarif agent est donc sur la sellette, à tel point que les pistes se multiplient pour en maintenir l’existence tout en le rendant socialement plus acceptable ! Parmi elles, on peut relever celle du député UMP des Bouches-du-Rhône Dominique Tian qui propose que le tarif agent soit ramené à 50 % du tarif standard. Mais il y a aussi celles de la Cour des Comptes qui va dans son rapport au-delà du simple constat et suggère notamment de rendre cet avantage « plus juste et moins exorbitant » en le plafonnant à un certain niveau au-dessus duquel un tarif normal ou un peu moins avantageux serait appliqué. Une proposition qui fait sens au vu des discussions engagées pour passer à une tarification progressive de l’électricité, par paliers de consommation. Mais de là à dire qu’elle sera adoptée, il y a plus qu’un pas qu’il serait extrêmement hasardeux de franchir, surtout dans le climat social particulièrement dégradé que nous connaissons actuellement...

Laurent Bouvier

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