A Givet, l'imprimerie Allardin n'est pas la plus ancienne ancienne entreprise industrielle, mais pas loin ! Fondée en 1937 par Jean Allardin dans des locaux situés dans la rue du Point du Jour, elle a très vite bénéficié d'une excellente renommée que messieurs Laury puis Wullen, ses successeurs, ont su maintenir. L'entreprise a ainsi enchaîné les décennies sans difficulté particulière. Puis, en 1992, soucieuse de s'étendre et de se moderniser, elle s'est installée dans un nouveau bâtiment de 2.182 m2 situé sur la zone du PACoG où elle a continué son existence paisible jusqu'en 2004, date à laquelle elle a commencé à connaître des problèmes très importants. N'arrivant pas à les surmonter, elle a alors été placée en liquidation judiciaire en décembre 2005, avec à la clé le licenciement de 20 salariés.
Mais, tel le Phénix renaissant de ses cendres, ce fleuron de l'industrie locale a vite retrouvé un repreneur en la personne de Frédéric Jamme et il a redémarré son activité, sous le nom d'Allardin Imprimeur, dès le mois d'août 2006. Un nouveau départ, facilité par l'implication des 11 personnes embauchées qui ont accepté de travailler gracieusement pendant 2 mois pour faciliter la reprise, apparemment réussi puisque l'entreprise avait dû étoffer ses effectifs et passer de une à trois équipes en avril 2007 pour pouvoir honorer son carnet de commandes ! Hélas, l'embellie ne fut que de courte durée puisqu'en avril 2008, la société a de nouveau été placée en liquidation judiciaire. Le motif ? D'après la gérante de la société, visiblement plus prompte à oublier ses propres responsabilités qu'à se souvenir des efforts fournis à titre gratuit, un personnel pas à la hauteur ! La Communauté de communes Ardenne Rives de Meuse, qui avait contribué à la reprise grâce à une aide de 200.000 euros, a alors décidé de "sanctuariser" le site le temps de trouver un repreneur sérieux en achetant le bâtiment et la majeure partie du matériel.
Bien lui en a pris, puisqu'en octobre 2010 Damien Tanase, connu pour avoir occupé des postes à responsabilités dans plusieurs imprimeries belges avant de devenir intermédiaire, a déposé une offre de reprise qui a été jugée suffisamment crédible pour être acceptée. La société New Allardin, dotée d'un capital social de 60.000 euros, a ainsi été créée avec comme atouts, en plus du portefeuille clients apporté par son dirigeant, un personnel jugé cette fois compétent, la possibilité de pratiquer une politique tarifaire agressive grâce aux avantages accordés par la zone franche et surtout l'utilisation d'une machine ultra-performante permettant tous types d'impressions sur une vaste gamme de supports (papier fin, cartonné,...) et à différents formats (brochure, album, catalogue,...). De quoi aborder l'avenir avec sérénité ! Pourtant, malgré la récupération des 3/4 des anciens clients et l'obtention de nouveaux marchés, le premier exercice de 15 mois clos au 31 décembre 2011 s'est soldé par une perte nette de 267.900 euros pour un chiffre d'affaires de 458.300 euros. Quant à l'année 2012, malgré un quasi doublement de l'activité, elle n'a pas permis d'atteindre les 1,2 millions d'euros de chiffre d'affaires escomptés. La conséquence ne s'est pas faite attendre avec la mise en redressement judiciaire de la société jeudi dernier.
Le prélude, d'après les partisans de l'adage "jamais deux sans trois", à une prochaine liquidation judiciaire que refuse pour le moment d'envisager Damien Tanase. Une combativité de bon aloi qui, je l'espère pour les 9 salariés qu'il emploie encore, lui permettra de redresser la barre pendant l'année de sursis que vient de lui octroyer le tribunal de commerce...
Laurent Bouvier
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