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"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

"Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel" (Jean Jaures/discours à la jeunesse)

jeudi 28 février 2013

Un grand homme vient de nous quitter...


Stéphane Hessel est décédé hier à l'âge de 95 ans. Né à Berlin le 20 octobre 1917, l’année de la révolution soviétique comme il aimait à le rappeler, dans une famille juive convertie au luthéranisme, il arriva en France en 1925. Fils d’une véritable héroïne de roman puisque sa mère fut le modèle de Catherine dans « Jules et Jim » (l’histoire d’une femme aimée par deux amis que Truffaut porta à l’écran) et d’un père qui traduisit Proust en allemand, il fut naturalisé en 1937. Entré à Normale Sup en 1939, parlant couramment le français, l’allemand et l’anglais, imprégné des écrits de Sartre, il était alors un parfait exemple de l’intellectuel européen.

Mobilisé en 1939 et fait prisonnier en 1940, il réussit à s’évader et il rejoignit en mai 1941 le Général de Gaulle à Londres. Envoyé en mission en France en mars 1944, il fut arrêté quelques mois plus tard, torturé et déporté à Buchenwald où il échappa à la pendaison en échangeant son identité avec celle d’un prisonnier mort. A Dora ensuite, il échappa également à la pendaison. Enfin, lors de son transfert vers Bergen-Belsen, il parvint à sauter du train et à rejoindre les lignes américaines à Hanovre, d'où il fut envoyé à Paris.

Admis, en novembre 1945, au concours des Affaires Etrangères, Stéphane Hessel fut affecté au Secrétariat général de l’ONU où il participa à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Il occupa ensuite les fonctions d’ambassadeur de France à l'ONU, puis de diplomate à Saïgon, Alger, Genève et New York. Élevé à la dignité d'ambassadeur de France par François Mitterrand en 1981, il milita pour les sans-papiers – il fut médiateur lors de l'occupation à Paris de l'église Saint-Bernard – et pour les Palestiniens, ce qui lui valut les foudres des associations juives. Cela ne l’empêcha pas d’être promu grand-officier de la Légion d'honneur en 2006.

Homme de lettres passionné de Verlaine et de Baudelaire, Stéphane Hessel publia la même année O ma mémoire : la poésie, ma nécessité. Egalement engagé en politique, il suivit Pierre Mendès-France puis apporta son soutien à Michel Rocard en 1985 avant de se  présenter en 2010 en position inéligible sur les listes d'Europe Ecologie. La même année, il écrivit le manifeste « Indignez-vous » pour appeler la jeunesse à refuser l’indifférence. Véritable best-seller publié à 4 millions d’exemplaires, cet ouvrage reçut un accueil enthousiaste en France, mais aussi en Espagne, en Grèce et à Wall Street où il a été brandi lors de divers mouvements de protestation. Une fin en apothéose pour cet homme de gauche qui a passé toute sa vie à défendre les droits de l’Homme ! Que l’hommage qu’il mérite lui soit rendu...

Laurent Bouvier



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