« Le Projet de loi sur la sécurisation de l’emploi est
la transcription de l’Accord National Interprofessionnel (ANI) signé le 11
janvier dernier. Cet accord est le produit de la démocratie
sociale, qu'évidemment j’encourage. Mais cela ne m’empêche pas cependant
en tant que Député des Ardennes d’avoir une appréciation globale de l’équilibre
de cet accord. C’est même ma responsabilité. La démocratie sociale ne doit pas
conduire à anesthésier les droits du Parlement, ni à lui retirer la faculté de
se prononcer et de légiférer sur des sujets majeurs comme les évolutions
structurantes de notre marché du travail.
Dans sa philosophie générale, cet accord me pose problème
car il entérine le postulat libéral que le chômage serait avant tout lié à un
manque de flexibilité sur le marché du travail. Je conteste cette analyse. La
décision d’Electrolux de fermer son site de Revin et de supprimer toute
production industrielle en Europe de l’ouest en est une parfaite illustration. Nous
ne pouvons pas encourager à gauche la légitimation de ce discours dogmatique
qui n’a d’autre finalité que de pousser à démanteler encore plus les droits des
salariés, en France comme en Europe. Agissons au contraire pour qu’enfin
l’Europe soit le symbole de la solidarité, de la régulation sociale, fiscale et
environnementale mais aussi l’organisatrice d’une véritable politique
industrielle !
Dans ce Projet de loi de transposition de l’ANI, les éléments obtenus par les
salariés, parce qu’ils soulèvent des interrogations sur leurs conséquences, ou
parce qu’ils sont pour l’instant renvoyés à des négociations ultérieures,
pèsent incontestablement moins dans la balance que les avancées pour les
employeurs en termes d'augmentation de la flexibilité (facilitation de la
mobilité interne, simplification et encadrement dans le temps des procédures de
licenciement, diminution des délais de prescription pour les recours en justice
contre l'employeur, etc…).
Plusieurs modifications structurantes pour le marché du travail me posent à cet
égard souci :
- ainsi la prime à la négociation d’entreprise peut donner l’impression de
faire fonctionner à plein le dialogue social, mais elle n’est dans la réalité
pas favorable aux salariés, puisque les syndicats sont plus faibles et souvent
moins formés au niveau de l’entreprise qu’au niveau interprofessionnel ou de
branche
- les clauses essentielles du contrat de travail peuvent être remises en cause
en cas d’accord d’entreprise mais sans l’accord du salarié et en cas de refus
de celui-ci, le motif du licenciement est personnel. Ce qui pose la question de
la comptabilité avec un certain nombre de normes internationales. Le risque est
par conséquent que le contrat de travail individuel s’efface derrière les
intérêts de l’entreprise, alors que le droit du travail est censé protéger le
faible, en donc le salarié.
Ce déséquilibre de la balance en défaveur des salariés s’inscrit en outre
quelques mois seulement après avoir décidé 20 milliards d’euros de crédits
d’impôt aux entreprises sans fléchage ni contreparties. Cet élément est aussi à
intégrer dans l’appréciation de l’équilibre général de l’accord. J’ai par
conséquent cosigné avec une trentaine de collègues Député(e)s plusieurs
amendements dans le but de corriger ce déséquilibre. Aucun n’a été retenu. C’est
pourquoi, j'ai voté ce mardi 9 avril 2013 en première lecture à l’Assemblée
nationale CONTRE le Projet de loi sur la sécurisation de l’emploi. »
(communiqué de Christophe Léonard, député PS de la 2ème
circonscription des Ardennes)
1 commentaire:
Bravo à Christophe Léonard pour sa position et a décision de voter contre l'"ANI". IL MONTRE AINSI SON ANCRAGE A GAUCHE ET SA CAPACITE A NE PAS SUIVRE BETEMENT UN PARTI QUI RENIE LES VALEURS DE GAUCHE.On voit ici un homme courageux et déterminé qui honore ses électeurs. Je crois qu'il mérite notre confiance malgré son étiquette PS qu'il ferait bien de changer contre celle du Front de gauche. La Vallée peut être fiere de son député.
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